Chasseurs : entre méconnaissance et préjugés
Par Anne-Claire BAROIN
Publié le 30 Octobre 2023 à 09h37

S’il est un loisir qui est loin de faire l’unanimité, c’est bien la chasse. Info Beaune est allé à la rencontre des chasseurs de Saint-Loup-Géanges pour découvrir un univers loin des caricatures.
Régulièrement décrits comme des hommes dans la force de l'âge qui seraient bourrus et cruels, n'aimant les animaux que lorsqu'ils sont empaillés ou dans leur assiette, les chasseurs sont souvent affublés d'une image négative. Certain les imaginent avec un fusil toujours chargé, prêts à tirer sur tout ce qui bouge, et si c'est un promeneur, cela ne leur pose pas de problème, car ils ne les apprécient pas !
Si ce portrait très caricatural est loin de représenter la réalité, l'image du chasseur est loin d'être populaire et on sent bien l’inimitié à leur égard, à l’image par exemple de ce couple de marcheurs qui n’opposera qu’une froide indifférence aux bonjours des chasseurs durant notre reportage au cours d’une chasse dominicale. « Oui clairement, on se sent incompris. Ça ne va pas jusqu’à la confrontation et ça ne concerne pas tout le monde heureusement, mais on sent bien qu’on est peu apprécié » lâche David, vice-président de la société de chasse de Saint-Loup.
La majorité des chasseurs ne touchent quasiment pas leur fusil
Pour commencer à faire tomber quelques préjugés, il suffit pourtant de se rendre à une réunion matinale de chasse. Tout d’abord, la moyenne d’âge n’y est pas si élevée. D’ailleurs le président et le vice-président ont à peine la trentaine. Et puis dans les rangs des chasseurs, on trouve aussi des femmes, même si elles sont minoritaires, et de jeunes adolescents venus accompagner leur grand-père pour un dimanche loin des écrans.
Le fonctionnement d’une battue est assez simple; Des « traqueurs » se placent en ligne à l’intérieur d’une zone définie (appelé enceinte de chasse) et, avec l’aide de leurs chiens, repoussent le gibier à grand renfort de cris vers la ligne des chasseurs « postés » placés en lisière des bois, souvent sur des miradors.
En réalité donc, le chasseur traqueur ne sort quasiment jamais son arme, à moins de défendre ses chiens et cela reste relativement rare. « On peut passer toute une saison sans tirer une seule balle. De toute façon, pour moi, le plaisir c’est surtout de sortir les chiens » explique David.
« En plus, on ne tire pas sur tout le gibier qu’on croise. On fait attention de ne pas tirer sur les femelles pleines ou sur les animaux trop jeunes. » ajoute Célestin, le président de la société de chasse. Une distinction qui reste un choix puisque la règlementation ne concerne qu’un nombre maximum d’animaux à prélever.
Une collaboration avec les agriculteurs essentielle
Pour cette saison, à Saint-Loup, il est autorisé de prélever jusqu'à 15 chevreuils et 7 sangliers. Une limite établie dans le but de maintenir l'équilibre de la faune locale et de préserver les populations d'animaux sauvages.
Ce que l’on ne sait pas toujours, c’est que dans les cultures, les dégâts causés par le gibier peuvent rapidement atteindre des sommes considérables et c’est la cotisation des chasseurs à la fédération nationale qui permet de contribuer à l'indemnisation de ces dégâts.
Mais la collaboration entre chasseurs et agriculteurs ne s'arrête pas là. En été, ces derniers font également appel aux chasseurs pour des battues de décantonnement. Ces opérations, non armées, consistent à faire du bruit pour débusquer le gibier dans les champs cultivés. Si à Saint-Loup, cela n’est pas encore arrivé, dans les cas les plus extrêmes, des « battues administratives » (armées cette fois-ci) sont organisées pour réguler les populations d’animaux devenues ingérables.
Beaucoup de gens l’ignorent également, mais les chasseurs jouent un rôle essentiel dans l'entretien des sentiers empruntés par les promeneurs. À la fin de chaque chasse, ainsi que deux jours hors période de chasse, ils consacrent du temps à débroussailler et nettoyer les chemins.
Une pratique très règlementée avec la sécurité en ligne de mire
La sécurité étant une priorité absolue, la chasse est une activité encadrée par de nombreuses règles et restrictions. Tout d’abord la signalisation avec les panneaux « Chasse en cours » qui encadrent la zone de chasse. À savoir que ces panneaux n’interdisent pas le passage, sauf dans le cas où il est indiqué « chasse privée ». Pour une question de sécurité, il est toutefois recommandé d’arborer une tenue visible, les chasseurs eux ayant l’obligation de porter un gilet fluorescent.
Parmi les règles figurent l’interdiction de tirer en direction d'une route ou d'une habitation, la distance maximale de tir de 80 mètres et le déchargement des armes à la fin de chaque traque.
Pour protéger les traqueurs, les tirs en direction et à l’intérieur de l’enceinte traquée sont strictement interdits. Les postés, quant à eux, disposent d'un angle de tir de 30° défini par des jalons au sol. À noter également que le tir doit obligatoirement être fichant, c’est-à-dire orienté vers le bas.
Au niveau national, 6 accidents mortels (exclusivement dans les rangs des chasseurs) ont été recensés sur la dernière saison de chasse 2022-2023. On déplore également 76 autres accidents concernant cette fois-ci des chasseurs, mais également des personnes qui ne chassaient pas, c’est-à-dire de simples promeneurs ou même des personnes résidant à proximité de lieux. Toutes ces situations sont terribles, et chacun tient évidemment à ce que le nombre de ces accidents baisse drastiquement. C’est d’ailleurs la tendance qu’affiche la courbe des accidents de chasse qui ne cesse, heureusement, de baisser depuis 20 ans (*).
Changer de regard
Bien sûr, il ne s’agit pas de dépeindre un portrait idyllique : le concept même de la chasse restera toujours sujet à controverse même avec le chasseur le plus pacifiste, de plus il existera toujours dans leurs rangs des personnalités proches du cliché, mais comme partout finalement. Mais que l’on adhère ou pas au concept de la chasse, lorsque l’on passe un moment en leur compagnie, force est de constater que le chasseur tient finalement plus de l’amoureux de la nature que de la caricature datée que l’on dresse encore souvent de lui.


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