BEAUNE
Musée des Beaux-Arts de Beaune - Série « Trésors cachés » : la tendresse d’une grand-mère immortalisée par Édouard-Jérôme Paupion
Par Jeannette Monarchi
Publié le 27 Février 2025 à 07h56

Pour la fête des grands-mères célébrée ce dimanche 2 mars, le Musée des Beaux-Arts de Beaune à travers Delphine Cornuché, responsable des collections, met à l'honneur « Grand-Mère », une huile sur toile du peintre bourguignon Édouard-Jérôme Paupion (1884).
Véritable témoignage du naturalisme du XIXe siècle, ce tableau, présenté au Salon de Paris en 1885, illustre avec tendresse et réalisme une scène de vie paysanne. Découverte d’une toile poignante, témoin d'un art au service de la mémoire et de la transmission. Dans un cadre simple et chaleureux, une femme âgée donne la becquée à un enfant assis face à elle, offrant au spectateur une scène de vie à la fois intime et universelle.
Une œuvre majeure du naturalisme et du réalisme
Peinte en 1884 et présentée au Salon de Paris en 1885, Grand-Mère s'inscrit pleinement dans les courants réaliste et naturaliste qui ont marqué la seconde moitié du XIXe siècle. À travers cette œuvre, Édouard-Jérôme Paupion s’inscrit dans la lignée des peintres de la vie rurale comme Jean-François Millet et Gustave Courbet, mettant en valeur les scènes de la vie quotidienne avec un regard empreint d'humanité et d'authenticité.
Cette œuvre de grande dimension (165 cm de hauteur pour 128,5 cm de largeur) était autrefois réservée aux sujets religieux ou aux portraits de la noblesse, mais avec le naturalisme, elle s'ouvre à la représentation de scènes de la vie quotidienne et du monde rural. Loin de magnifier son sujet ou de l'idéaliser, Paupion adopte une approche réaliste en restituant avec précision les traits usés par le temps de la grand-mère, les textures des vêtements, et la simplicité de l’intérieur paysan. Il s'attache à représenter la société sans artifice, mettant en valeur la dignité du monde rural.
La scène baigne dans une lumière chaude et tamisée, typique du clair-obscur cher aux peintres du XIXe siècle. Ce choix confère à l’œuvre une atmosphère intimiste et renforce l’impression de sérénité qui s’en dégage.
Un hommage à la figure de la grand-mère
Ce tableau rend hommage à la figure de la grand-mère, pilier affectif de la famille et témoin de la transmission des valeurs et des traditions. Le décor modeste, composé d’un banc de bois, d’une vaisselle rudimentaire et d'un sol en terre battue, souligne l’authenticité du quotidien paysan.
Les détails vestimentaires accentuent cette réalité : la coiffe traditionnelle, la jupe rapiécée et les lourds sabots. Le visage ridé de la grand-mère et ses mains marquées par le temps traduisent à la fois une vie de labeur et une profonde bienveillance. La grand-mère incarne une femme du peuple, empreinte de dignité.
Face à elle, l’enfant, installé dans un trotteur en osier, capte toute l’attention de sa grand-mère. Vêtu d’une robe rose fuchsia à stries bleues – une tenue unisexe à l’époque –, il tend ses mains vers le bol de bouillie, marquant un instant de complicité et de tendresse. Son regard fixé sur sa grand-mère illustre cette relation de confiance. L’artiste parvient à capter avec finesse cette relation intergénérationnelle, où se mêlent patience et affection.
En arrière-plan, une affiche colorée orne le mur. Elle pourrait représenter soit saint Vincent, patron des vignerons – une référence aux racines bourguignonnes de l’artiste –, soit saint Nicolas, protecteur des enfants, renforçant le thème de la filiation et de la protection. Cet élément de décor ancre davantage l'œuvre dans le quotidien des familles rurales du XIXe siècle.
Buste de Édouard-Jérôme Paupion, par Jean Dampt. Plâtre. Dépôt du Musée des Beaux-Arts de Dijon
Édouard-Jérôme Paupion : un peintre enraciné dans son temps
Né en 1854 à Dijon et formé à l’École des Beaux-Arts de sa ville natale, Édouard-Jérôme Paupion poursuit sa formation à Paris dans l’atelier du célèbre Jean-Léon Gérôme. Dès 1877, il expose au Salon de Paris, principalement des portraits et des scènes de la vie quotidienne.
Voyageur infatigable, il puise son inspiration en Algérie, en Italie aux côtés du sculpteur Jean Dampt – où il séjourne deux ans –, mais revient toujours à sa Bourgogne natale. Souffrant de problèmes cardiaques, il choisit de quitter Paris pour s’établir définitivement à Dijon, puis à Orchamps dans le Jura, où il passe les dernières années de sa vie. Il meurt en 1912 à l’âge de 58 ans.
Son œuvre, marquée par le réalisme et le naturalisme, lui vaut plusieurs distinctions et une reconnaissance durable. Grâce à la fortune de son épouse, il se consacre entièrement à son art, laissant derrière lui un riche corpus d’environ 200 œuvres (or collections particulières), conservées dans divers musées de Dijon, Dole, Gray et Langres.
Un hommage aux grands-mères et à l’héritage artistique de Paupion
Acquis par la Ville de Beaune en 1900, Grand-Mère figure parmi les pièces emblématiques du Musée des Beaux-Arts. Elle a été prêtée en 2014 au musée Fournaise de Chatou pour une exposition consacrée à la représentation de l’enfance dans la peinture du XIXe siècle.
Le Musée des Beaux-Arts de Beaune conserve par ailleurs trois autres œuvres de Paupion : « Sous bonne garde », « La famille du moissonneur » et « Thisbé écoutant la voix de Pyrame », une représentation mythologique.
Anecdote rare, son tableau « La Barricade de la rue Jeannin », conservé au Musée de la Vie Bourguignonne, retrace un épisode de la guerre franco-prussienne de 1870 à Dijon, illustrant ainsi l’engagement du peintre dans son temps.
Avec « Grand-Mère », le Musée des Beaux-Arts de Beaune rend hommage à toutes les grands-mères, ces figures bienveillantes qui tissent le lien entre les générations.
Jeannette Monarchi
Rendez-vous en avril pour le prochain volet de la série « Trésors cachés », avec un focus sur « La Croix Vivante », une œuvre peinte sur bois du XVIe siècle.


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