Communauté d'Agglomération Beaune Côte et Sud

Trois ans de Plan Climat : où en est Beaune Côte & Sud ?

Trois ans de Plan Climat : où en est Beaune Côte & Sud ?

Adopté en 2022, le PCAET doit réduire les consommations d’énergie et développer les énergies renouvelables. Son bilan à mi-parcours révèle des réussites, mais aussi des fragilités à corriger d’ici 2027.

Adopté en mars 2022, le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) 2022-2027 de Beaune Côte & Sud trace la feuille de route écologique de l’agglomération. Mobilité, énergies renouvelables, rénovation thermique, adaptation au changement climatique : huit grandes orientations et vingt actions structurent ce programme.
Conformément à la loi, la collectivité a présenté jeudi soir son rapport d’évaluation à mi-parcours. Ce document, qui sera mis à disposition du public, mesure la trajectoire climat-air-énergie du territoire et l’état d’avancement des actions engagées depuis trois ans.
 
Des émissions globalement en baisse… mais des écarts sectoriels marqués
Entre 2016 et 2022, les émissions de gaz à effet de serre ont reculé de 6,8 %. Une évolution encourageante, mais qui masque d’importantes disparités. Les transports routiers restent de loin le premier secteur émetteur (56 % des émissions), malgré l’arrivée des navettes électriques et du recours au carburant HVO pour une partie de la flotte.
Le résidentiel affiche les meilleurs résultats : sa part est passée de 13 % à 9 % des émissions, notamment grâce aux efforts en matière de rénovation thermique et à une évolution des comportements de consommation d’énergie.
L’industrie et l’agriculture, en revanche, inquiètent : l’industrie a doublé sa consommation énergétique entre 2016 et 2022 (186 GWh contre 390), tandis que l’agriculture a progressé de 26 %.
Au total, les consommations d’énergie ont reculé de 3,1 %. Mais le transport reste le premier poste (46 %), devant l’industrie (21 %) et le résidentiel (17 %, en forte baisse).
 
Énergies renouvelables : des projets en gestation
En matière de production locale, 140 GWh d’énergies renouvelables ont été produits en 2025, soit environ 5 % de la consommation totale. Le bois énergie domine (35 %), suivi de l’éolien (27 %), de la méthanisation (20 %) et du photovoltaïque (8 %).
La communauté a lancé fin 2024 une stratégie de développement des énergies renouvelables. Plusieurs projets sont à l’étude, mais l’objectif de réduire la dépendance aux produits pétroliers (encore 52 % du mix énergétique) reste difficile à atteindre.
 
Avancées notables : mobilité, aménagement, eau et biodiversité
Les actions les plus avancées concernent la mobilité durable avec la mise en place de navettes électriques, parking de covoiturage à Beaune Sud, et élaboration d’un schéma global des mobilités.
L’aménagement du territoire : intégration des enjeux énergétiques et climatiques dans le nouveau SCOT, actions de rénovation énergétique du parc de logements en lien avec le PLH.
La préservation de l’eau et de la biodiversité : approbation du Schéma Directeur d’Alimentation en Eau Potable (SDAEP), restauration d’un tronçon de la Bouzaize, gestion différenciée des espaces verts sur le site des étangs d’Or.
L’éducation à l’environnement : animations scolaires et périscolaires avec Bourgogne Énergies Renouvelables.
 
Des points faibles : qualité de l’air et agriculture
L’orientation sur la qualité de l’air reste le parent pauvre du plan. « Le rôle de la collectivité n’est pas encore clairement défini vis-à-vis d’acteurs comme ATMO Bourgogne-Franche-Comté », reconnaît le rapport.
Même constat pour l’agriculture et la viticulture. Le Projet Alimentaire Territorial (PAT) n’a pas dépassé le simple dépôt sur la plateforme nationale. Les actions incitant à une réduction des pesticides ou à un virage vers l’agroécologie tardent à émerger.
 
Une gouvernance en réseau
Le pilotage du PCAET s’appuie sur un vice-président dédié et une chargée de mission à plein temps, mais mobilise aussi la plupart des services communautaires (eau, biodiversité, urbanisme, transports).
Un comité de pilotage d’élus se réunit chaque année, tandis qu’un comité élargi de partenaires (CCI, CMA, Chambre d’agriculture, associations, etc.) permet de mutualiser les initiatives. Plus d’une trentaine d’animations et conférences ont ainsi été organisées depuis 2022.
 
Une opposition critique : « un plan trop timide »
Si le conseil a validé le bilan à mi-parcours, l’opposition a exprimé ses réserves et voté contre. Carole Bernhard a salué le travail des services pour ce bilan d’étape du PCAET, mais elle a rapidement exprimé de fortes inquiétudes. Si le secteur résidentiel est en avance sur les objectifs de réduction de la consommation d’énergie, notamment grâce aux rénovations thermiques et aux changements de comportements en 2022, la tendance est tout autre ailleurs. L’industrie, le tertiaire et l’agriculture voient leurs consommations grimper, parfois plus que doubler. « Dans ces conditions, on voit mal comment atteindre les objectifs fixés à 2027 », a-t-elle souligné, rappelant que les énergies fossiles représentent encore plus de la moitié du mix énergétique.
Sur le volet agricole et alimentaire, l’élue a pointé l’absence d’avancées concrètes. Le Projet Alimentaire Territorial n’a pas dépassé le stade déclaratif, et les viticulteurs comme les agriculteurs n’ont pas été réellement incités à changer de pratiques. S’appuyant sur l’étude PestiRiv et sur les recommandations du Haut Conseil pour le Climat, elle a plaidé pour une véritable trajectoire en faveur de l’agroécologie et de l’agriculture biologique. Carole Bernhard a également rappelé « l’urgence de sanctuariser les terres agricoles et de stopper l’artificialisation des sols », tout en encourageant l’installation de nouveaux paysans en agriculture biologique. « C’est un choix essentiel pour protéger nos sols, notre biodiversité et la santé publique », a-t-elle insisté. Elle a en parallèle interpellé l’exécutif sur la restauration scolaire : « Le taux de 70 % de produits bio, locaux et labellisés est-il réellement maintenu ? ».
Autre sujet de préoccupation : la qualité de l’air. Selon elle, « pratiquement aucune action » n’a été engagée, alors que la pollution provoque des dizaines de milliers de morts prématurées chaque année. Elle a proposé de réduire la vitesse sur l’autoroute longeant les communes de l’agglomération, comme cela se fait ailleurs.
Enfin, Carole Bernhard a plaidé pour la création d’un Centre Intercommunal d’Action Sociale afin de mieux lutter contre la précarité énergétique. Elle a conclu en regrettant l’attente persistante autour du schéma mobilités et du schéma des énergies renouvelables, deux outils clés pour rendre la transition réellement crédible.

Jeannette Monarchi