À Beaune, la 165ᵉ Vente des Vins s’ouvre dans un contexte mondial tendu : la filière bourguignonne lance un cri d’alerte
Par Jeannette Monarchi
Publié le 16 Novembre 2025 à 13h38
Quelques heures avant le début de la prestigieuse Vente des Vins des Hospices de Beaune, le Comité Bourgogne a dressé un état des lieux sans fard de la filière. Entre millésime 2025 prometteur, marchés internationaux fragilisés et pressions politiques et sociétales, les co-présidents Laurent Delaunay et François Labet alertent sur une « situation d’une rare complexité ».
Ce dimanche matin, quelques heures avant que ne retentisse le premier coup de marteau de la 165ᵉ Vente des Vins des Hospices de Beaune, la traditionnelle conférence de presse a réuni le Comité Bourgogne (ex-BIVB), les responsables de la filière et de nombreux journalistes. Sous les Halles, où la vente débutera à 14 h 30 — retransmise sur écran géant place de la Halle —, l’heure était autant à la célébration d’un millésime remarquable qu’à l’inquiétude face à une conjoncture générale « d’une rare complexité ».

Un millésime 2025 “fascinant”, malgré le chaos climatique
François Labet, co-président du Comité Bourgogne, a présenté le millésime 2025. « Un beau millésime digne d’une année en cinq ! Une année où nous avons dû subir le chaos climatique, avec une récolte imputée par la canicule du mois d’août. Nous avons observé une baisse de 20 % du poids des raisins en seulement vingt jours. Cela explique la petite récolte de chardonnay. Les pinots noirs ont moins souffert, mais ce sont des vins qui vont procurer un grand plaisir. Une suaveté… c’est la qualité qui fait vendre. »
Le volume des vendanges 2025 devrait s’établir autour de 1 430 000 hectolitres, soit environ 200 millions de bouteilles, un niveau maîtrisé mais prometteur, selon la filière.

Un contexte économique mondial fragilisé
Laurent Delaunay, co-président également, a ensuite livré un panorama économique sans ambages. « Cette vente est un rendez-vous de joie qui sert une belle cause, et le monde du vin a les yeux rivés sur Beaune aujourd’hui. Mais les ressentis sur les marchés sont au ralenti. Les marchés se dépriment, se défragmentent, avec une diminution de la consommation. La situation économique nationale et internationale est compliquée : inflation, taxes, guerre commerciale… tout cela est rude. »
À l’échelle mondiale, la tendance est la même : baisse de consommation, renchérissement des coûts, recul des importations dans certains pays clés. « La France ne fait pas exception. Dans ce contexte, la Bourgogne est la seule région française avec un chiffre positif : +0,8 % en volume. Mais notre avance se réduit chaque mois. À l’export, nous sommes à +4,3 % en volume et +1,2 % en valeur, mais un fort ralentissement est à prévoir. Notamment sur le marché américain, où l’impact de la taxe se fera sentir dès le début de l’année prochaine. »
La filière se prépare donc à renforcer sa présence dans d’autres zones stratégiques.
Laurent Delaunay : « Les Bourgogne sont présents dans 170 pays. Il faut intensifier sur le Brésil et l’Inde ».
Une prise de parole collective : “Non, le vin n’est pas un danger”
Pour la première fois depuis plusieurs années, les deux co-présidents ont lu ensemble un texte commun, présenté comme un message de défense du secteur vitivinicole français. « Le monde du vin est dans une situation d’une rare complexité. Les défis du changement climatique vont nécessiter des trésors d’adaptation. Le contexte international est chaque jour plus incertain. Et la consommation de vin en France ne cesse de diminuer. » La filière dit faire face non seulement à une conjoncture économique tendue, mais aussi à une pression politique, culturelle et idéologique accrue.
Contre “les croisades hygiénistes”
Les deux responsables ont dénoncé des campagnes de communication jugées caricaturales. « Le vin est un “cocktail chimique et toxique”. » « Votre verre n’est jamais innocent. » Ces formules, attribuées à l’association Addictions France, ont suscité une réaction ferme : « Si les risques existent, et nous ne les méconnaissons pas, on ne peut réduire le vin à son simple statut de boisson contenant de l’alcool. Certains vont jusqu’à taxer les professionnels responsables que nous sommes de “dealers” ».
Ils dénoncent également « des documentaires à charge » et « des raccourcis erronés » qui, selon eux, nuisent à une approche de prévention équilibrée fondée sur la transmission, la convivialité et l’éducation.
Les co-présidents ont également critiqué l’inflation réglementaire : « L’État nous promet toujours plus de simplification, mais comme Shéhérazade nous ne voyons toujours rien venir. Nous sommes extrêmement inquiets de cette société d’interdits que l’on veut nous imposer à grands coups de normes et taxes ».
Ils ont évoqué notamment les interdictions de produits de traitement, y compris en agriculture biologique, malgré des études ne montrant pas de risques avérés d’exposition pour les riverains.
“Le vin, marqueur de l’identité française”
Les dirigeants s’interrogent : « Comment expliquer à nos clients internationaux que nos vins, qu’ils considèrent comme un modèle d’excellence, soient vilipendés sur notre propre sol ? ». Rappelant le classement du repas gastronomique français — incluant le vin — au patrimoine immatériel de l’UNESCO, ils dénoncent également certaines propositions parlementaires, comme l’interdiction du vin à la buvette de l’Assemblée nationale. « Dans le pays du vin, sommes-nous en train de marcher sur la tête ? »
Une conclusion plus optimiste
Malgré la sévérité du constat, le Comité Bourgogne a tenu à terminer sur deux signaux positifs : Le succès de “Vignobles en scène”, organisé les 18 et 19 octobre partout en France, preuve qu’« on peut aussi parler positivement du vin et rappeler sa dimension de convivialité et de partage ». L’annonce des Grands Jours de Bourgogne, du 9 au 13 mars prochain : « Ces cinq jours où le monde a rendez-vous en Bourgogne. À vos agendas ! ».
Jeannette Monarchi
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