Au théâtre ce soir !

Au théâtre ce soir !
Au théâtre ce soir !
Au théâtre ce soir !
Au théâtre ce soir !

Au théâtre de Beaune, la saison est certes avancée mais il reste tout de même quelques pépites à ne pas manquer. Plus d’informations avec Jérôme Sabre, son directeur.

Comment définir le théâtre de Beaune ? 

Jérôme Sabre : Nous sommes un acteur de la politique culturelle du territoire, nous apportons notre pierre à cet édifice culturel, c’est une philosophie républicaine. Nous faisons partie de l’éducation et sommes là pour faire croiser la route du citoyen face au travail des artistes. Nous agissons pour notre territoire. Nous théâtre, nous n’avons pas de velléité de rayonner au niveau national mais travaillons pour ce bassin de population qu’est Beaune et son agglomération.

Info-beaune.com : Quel type de programmation proposez-vous ?

Jérôme Sabre : Chaque année, nous offrons une saison pluridisciplinaire, nous ne sommes pas orientés uniquement théâtre même si c’est quand même notre appétence. Le public peut donc trouver du théâtre, du cirque, de la danse et des formes musicales aussi. Toujours dans une idée non concurrentielle avec d'autres structures sur le territoire. Nous programmons très peu de musique, il y a le festival de musique baroque à Beaune mais ce qui ne nous empêche pas d’accueillir des petites formations de musiques classiques ou baroques parce que nous aimons beaucoup cela. Nous avons souvent des formations de musique du monde. Par exemple, Josef Josef avec de la musique tzigane yiddish, a connu un très grand succès il y a quelques semaines. 

Info-beaune.com : Comment choisir ?

Jérôme Sabre : C’est moi qui établis la programmation. Cela consiste déjà à voir des spectacles, j’en vois environ 100 à 120 par an. C’est une passion et une envie d’aller chercher des perles dans les spectacles alentours et plus lointains. Par ailleurs, je fais ma virée annuelle à Avignon. C’est l’occasion pour moi pendant quelques jours de voir, 5 à 6 spectacles de toute la France, de toute l’Europe par jour. Ainsi les spectacles que j’ai vus cette année à Avignon et que nous avons choisi de retenir sont présents dans la saison 23-24. En parallèle, je participe au réseau professionnel de programmateurs de salles de Bourgogne Franche Comté Affluences qui compte aujourd’hui plus de 53 membres. Il s’agit d’un réseau de bienveillance où nous organisons des journées de représentations de projets. 

Côté mairie, Anne Caillaud, en charge de la vie associative et culturelle et du spectacle vivant à la ville de Beaune, valide avec moi la programmation que je propose. Nous travaillons ensemble depuis de nombreuses années. Nous avons ici à Beaune cette volonté du maire de garder cet établissement qui coûte cher à la ville, j’en suis conscient et bien placé pour le savoir. C’est un beau geste politique et je remercie que la ville garde cette programmation très éclectique que nous choisissons, en bonne entente avec les élus.

Quelles sont vos contraintes ?

Jérôme Sabre : La taille de la scène est la contrainte principale après le matériel. La taille de la scène peut nous interdire parfois des propositions car comme beaucoup de théâtres à l’italienne comme la nôtre, la scène est légèrement en pente. C’est une première lecture technique et administrative. Puis vient le coût. Nous disposons d’un budget pour environ 25 spectacles dans l’année. Avec celui-ci, nous allons payer les spectacles et tous les frais qui tournent autour. Après vient la réflexion de savoir si on fait jouer le spectacle pressenti à Beaune et pourquoi. C’est le moment où je me gratte la tête ! Cela reste un fonctionnement très cartésien : il faut le coup de cœur mais il y existe également ces autres préoccupations. 

 

Info-beaune.com : Votre portrait ?

Jérôme Sabre : J’ai fait des études qui n’ont rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui car je suis parti sur un registre technique. Au lieu du service militaire, j’ai choisi d’être objecteur de conscience et co-technicien dans un théâtre. Le hasard fait que c’était le théâtre de Beaune. De 1991 à 1993, j’ai beaucoup appris en tant que technicien. Et pendant près de 15 ans, j’ai été technicien, ai tourné avec des compagnies, dans le monde entier comme éclairagiste, ma spécialité de départ puis comme directeur technique, pour chapeauter un peu le tout. Ensuite, j’ai eu le désir de faire une pause et j’ai posé mes valises dans ce même théâtre de Beaune en 2009 comme directeur technique, pendant officiellement 5 ans. Puis l’établissement est resté pendant près d’un an sans direction. Jusqu’à ce que la ville de Beaune me propose le poste. J’ai accepté, je préférais tenter ma chance et me planter que de laisser le poste vacant car un théâtre sans direction est très fragile ! Depuis mai 2015, je suis directeur de cet établissement. 

Info-beaune.com : La saison est bien entamée, mais que reste-il ?

Jérôme Sabre : La saison s’étale en effet octobre à mai et nous avons donc passé la majorité des spectacles. D’une façon générale, il nous reste les disciplines artistiques, la danse, le cirque et beaucoup de théâtre et du flamenco. 

Dans le détail, notre prochain spectacle aura lieu en fin de semaine prochaine avec un artiste d’origine circassienne mais de la région Benjamin Bruas. Le spectacle s’appelle « Fodosokande Bi ». L’artiste est seul en scène, fait des acrobaties et il nous parle beaucoup de manière décalée de sa courte expérience de l’apiculture, entamée pendant le confinement. Tout son décor est composé de structures métalliques dans lesquelles il s’entoure, il slalome, c’est un acrobate de profession. Très chouette, un artiste que nous n’avions jamais accueilli. (Vendredi 24 février).

En mars, nous allons enchaîner pas mal de spectacles, pour le jeune public de 2 à 6 ans avec une création qui sort cette semaine à Dijon, « Dans ma coquille ». (Mercredi 1er mars).

Le texte de Marivaux, « La Dispute », est un classique mis en scène par la compagnie de Marseille, Régolo. Agnès Régolo met en général les textes classiques en remaniant la mise en scène. Passionnant. C’est modernisé, cela parle à encore plus de public. (Jeudi 9 mars).

Un spectacle de danse où un chorégraphe de danse nous parle de sa rencontre avec Nijinski psychologique et non pas physique. C’est cette rencontre qui l’a fait devenir danseur et chorégraphe. C’est magnifique. Le début de spectacle est sous forme de conférence mais mis en scène et pendant la deuxième partie de spectacle, il interprète des chorégraphies créées par Nijinski. Très intéressant. (Mardi 14 mars).

Nous finirons le mois de mars avec un autre texte classique pas du tout écrit pour le théâtre mais qu’un grand comédien a mis en scène, « Les travailleurs de la mer » de Victor Hugo. Ce grand comédien Paul Fructus a décidé il y a au moins 15 ans de faire de ce texte de roman une pièce de théâtre. C’est magnifique, on s’asseoit dans la salle et on se laisse raconter une histoire. C’est beau tout simplement. Et c’est drôle par moment. (Jeudi 23 mars).

« Gharnata » le spectacle de danse de Flamenco dont le leader s’appelle Luis de la Carrasca, est à la fois chanteur, artiste et fait de magnifiques spectacles. C’est la deuxième ou troisième fois que nous l’accueillons et à chaque fois, tout le monde est pris aux tripes par le spectacle de danse et de musique. Ils sont 7 sur scène. Magnifique. (Jeudi 6 avril).

Nous alternons avec des propositions pour le jeune public, avec « Gribouillis ». Il est de notre droit de nous adresser à un public scolarisé. Notre but général est d’essayer d’accompagner les citoyens de la maternelle, jusqu’au lycée. Ce spectacle est un mélange de dessin en direct, avec comme thématique d’où viennent les idées et comment elles sortent. Les artistes ont des explications très farfelues, avec du dessin, théâtre, musique et accessoires, très chouette et réussi. (Vendredi 28 avril).

« Méliès » est un ciné concert pendant lequel des musiciens vrais de vrais jouent une partition qui accompagne un film projeté. Nous avons déjà fait des spectacles sous cette forme en début de saison et maintenant c’est une autre proposition portée par un groupe de musique baroque qui s’appelle Traversée baroque, basé en Côte d’Or. (Jeudi 11 mai).

On finit avec les « Raisins de la colère » de Steinbeck qui n’ont pas du tout été écrits comme une pièce de théâtre. Le comédien et metteur en scène est Xavier Simonin. Xavier Simonin raconte et il est accompagné par ses 3 musiciens dont Claire Nivard qui est absolument formidable. Les 3 musiciens interprètent des musiques américaines du vingtième, des blues, des folks, c’est absolument magnifique. Dans le même principe que « Les travailleurs de la mer », vous vous asseyez et vous laissez porter par l’histoire et cela marche. Une façon d’aborder la forme littéraire. (Mardi 16 mai).

 

Info-beaune.com : Votre équipe ?

Jérôme Sabre : Nous sommes 6 permanents au théâtre complétés par des techniciens intermittents au besoin. Ma collaboratrice Louise Marrec travaille sur le développement de l’action culturelle, car ce n’est pas le tout de faire des spectacles en salle, il faut aussi habiller autour : aller dans les classes pour préparer le terrain et développer tout type d’actions en lien avec notre activité. Tout ce qui peut conduire au théâtre. Il faut donner la culture aux citoyens, approcher le travail des artistes. Le public, on ne le prend pas un par un dans la rue, cela ne marche pas. Il faut aller où il est : dans le milieu scolaire, les associations, les missions locales…