BEAUNE
Musée Musée des Beaux-Arts de Beaune - Trésors Cachés : les vestiges Néolithiques de la grotte de la Molle-Pierre
Par Jeannette Monarchi
Publié le 10 Octobre 2024 à 07h48

Le Musée des Beaux-Arts de Beaune conserve dans ses réserves, des vestiges fascinants issus de la grotte de la Molle-Pierre, découverte par des spéléologues en 1973. Ce site néolithique regorge d’artefacts précieux, où se mêlent céramiques, outils en silex et restes humains qui témoignent du quotidien des premières sociétés sédentaires de la région et leur relation avec leur environnement.
Les vestiges découverts dans la grotte de la Molle-Pierre, fouilles menées de 1977 à 1991, ont été datés entre 4 000 et 3 600 av. J.-C., situant ainsi le site dans la période du Néolithique moyen. À cette époque, la société humaine subit une transformation majeure, avec l’émergence de l'agriculture et la sédentarisation. On passe de la pierre taillée du Paléolithique à l'usage de la pierre polie, qui marque l’essor de la première société agricole sédentaire. Les habitants de la région commencent à maîtriser leur environnement pour produire leur nourriture, via la pêche, la chasse, l'élevage et l'agriculture. Cette évolution marque également le développement d'un artisanat plus élaboré, avec la fabrication d’outils en pierre polie, tels que des haches servant à défricher les terres, et des récipients en céramique utilisés pour la cuisson et le stockage des aliments.
Ces vestiges ont été extraits sous une épaisse couche de sédiments argileux de 3,5 mètres, préservant ainsi une grande partie de l’ensemble archéologique. Bien que des traces d’occupation plus tardives, gallo-romaines et médiévales, aient été découvertes, les éléments néolithiques demeurent les plus significatifs.
La grotte présente également de nombreuses traces de foyers, environ 15 ont été identifiés et étudiés. Ces foyers laissent à penser que la grotte a été occupée de manière régulière, servant à la fois d’habitat temporaire et de lieu de sépulture. En effet, les premières fouilles ont permis de retrouver des restes humains, d'adultes et d'enfants, suggérant que le site a également joué un rôle rituel pour les populations néolithiques. La grotte a été utilisée à plusieurs reprises au fil des siècles, témoignant d’une occupation continue à différentes époques.
Reconstituer le quotidien néolithique
Ce large éventail d’objets archéologiques témoigne de la vie et des pratiques de cette époque. Parmi les découvertes, des centaines de tessons de céramique ont été retrouvés dans les foyers et les dépotoirs. Ces fragments, minutieusement reconstitués par l'archéologue Michel Perrin après un travail laborieux, ont permis de reconstituer un vaisselier d’environ 200 vases, offrant ainsi un aperçu complet de l'artisanat céramique de l'époque.
La céramique, en terre cuite et généralement lisse sans décor, révèle différentes formes d'objets utilitaires : marmites pour la cuisson, jattes pour le stockage, bols et gobelets pour la consommation d’aliments, ainsi que des saladiers. Restaurées en 1989 par l'ARREP (Atelier Régional de Restauration des Éléments du Patrimoine), certaines pièces ont été renforcées par des membranes colorées. La reconstitution de ces vases a permis de mieux comprendre leurs usages domestiques, marquant une étape importante dans l’innovation culinaire de l’époque : la cuisson longue et contrôlée, par exemple dans des pots résistants à la flamme.
Les restes alimentaires découverts dans les foyers et analysés, notamment par Anne Flouest, ont révélé des traces de céréales comme le blé et l’orge, des pommes carbonisées, des carottes sauvages et des plantes aromatiques, ainsi que des restes d’animaux (porc, mouton, lièvre, renard). Ces ingrédients témoignent de pratiques culinaires déjà élaborées au Néolithique, qu’Anne Flouest a documenté dans son ouvrage "La cuisine néolithique et la grotte Molle-Pierre" publié en 2007.
Outre les objets en céramique, plus de 250 ossements ont été retrouvés, dont beaucoup étaient utilisés comme outils pour traiter les peaux ou confectionner des vêtements. Certains os étaient sculptés en poinçons, provenant de petits ruminants, tandis que des outils en bois de cerf ou en céramique servaient à filer la laine ou le fil de tilleul, utilisé pour fabriquer cordes et filets de pêche. Des dents percées ont aussi été découvertes, probablement montées en colliers.
Les silex taillés retrouvés sur le site montrent l’ingéniosité des habitants pour fabriquer des racloirs, des lames et des pointes de flèche, indispensables pour la chasse, ainsi que des haches en roche verte, provenant des Alpes. Ces haches polies, utilisées pour défricher les terres, témoignent également des échanges entre différents groupes néolithiques, prouvant que les habitants de la Molle-Pierre n’étaient pas isolés.
Des témoins du passé : objets et outils néolithiques
L’ensemble de ces objets a été étudié par de nombreux spécialistes, tels que Pierre Pétrequin, directeur de recherche au CNRS, qui a mis en relation ces découvertes avec d’autres sites néolithiques de la région. La variété et la richesse de ce mobilier archéologique, tout en restant homogène, font de la grotte de la Molle-Pierre une référence clé pour la compréhension de la culture néolithique bourguignonne.
Ces fouilles ont non seulement mis en lumière un matériel archéologique exceptionnel, mais elles ont aussi révélé des aspects importants du mode de vie, des pratiques alimentaires, et des échanges culturels au Néolithique.
Ces découvertes ont fait l'objet d'études approfondies par divers spécialistes, permettant d'analyser les vestiges et de mieux comprendre l'occupation humaine néolithique et la fonction de la grotte. L'analyse scientifique des charbons de bois retrouvés, par exemple, a révélé les essences d’arbres utilisés pour les foyers (chêne, hêtre, frêne, noisetier et tilleul) grâce à la datation au carbone 14. Ces foyers, au nombre de 15, servaient principalement à l’éclairage et au chauffage, mais aussi à des activités domestiques et artisanales, comme la cuisson et la transformation de matières premières, tels que des os et des tessons de poterie.
La disposition des foyers et des autres éléments retrouvés permet de penser que la grotte était organisée : une zone centrale pour les activités autour du feu, une aire de stockage au fond et une zone de dépotoir. La grotte a ainsi pu servir de lieu de refuge temporaire pour des chasseurs, de cave alimentaire, mais aussi de lieu de sépulture, comme en témoigne la découverte de restes humains, dont ceux d’un enfant.
Une transmission du savoir archéologique
En 1993, les résultats de ces fouilles ont été présentés au public lors d'une exposition à la Chapelle de l'Oratoire à Beaune, organisée par le Musée des Beaux-Arts en collaboration avec l'Association des Chercheurs Beaunois, présidée par Gilles Gruillot. Un livre d'exposition a été publié à cette occasion pour documenter cette découverte.
Entre 1993 et 1996, l'ensemble des objets archéologiques a été déposé au Musée des Beaux-Arts de Beaune, bien que certaines pièces aient été transférées temporairement au Musée Archéologique de Dijon. En 2008, ces objets ont été rapatriée à Beaune pour être intégrée à une nouvelle section archéologique. En 2012 et 2020, une sélection de ces pièces, notamment des poteries et outils néolithiques, a été exposée au Musée des Beaux-Arts. En 2009, une conférence a également été donnée par Anne Flouest pour faire connaître au public les résultats des recherches et les découvertes majeures de ces fouilles.
La grotte de la Molle-Pierre, bien qu’aujourd’hui fermée par une grille, reste un site emblématique pour l'archéologie régionale. Une lumière est jetée sur ces premières sociétés agricoles sédentaires, à travers les vestiges qu'elles nous ont laissés.
Jeannette Monarchi
Retrouvez-nous dans 15 jours pour la suite de cette série, où nous explorerons les céramiques étonnantes du potier Gambut, un maître du XIXe siècle.
Attention le Musée est fermé depuis le 22 septembre et jusqu'à la future exposition au printemps prochain.


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