BEAUNE

Aide à mourir : René Lioret, député RN, vote contre une légalisation qu’il juge risquée et prématurée

Aide à mourir : René Lioret, député RN, vote contre une légalisation qu’il juge risquée et prématurée
Aide à mourir : René Lioret, député RN, vote contre une légalisation qu’il juge risquée et prématurée
Aide à mourir : René Lioret, député RN, vote contre une légalisation qu’il juge risquée et prématurée
Aide à mourir : René Lioret, député RN, vote contre une légalisation qu’il juge risquée et prématurée

Alors que l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi instaurant un droit à l’aide à mourir, René Lioret, député RN de la 5e circonscription de la Côte-d’Or, s’y est opposé. Favorable au développement des soins palliatifs, il exprime de fortes réserves sur une légalisation qu’il estime porteuse de dérives, comme observé dans plusieurs pays ayant légiféré.

Un vote historique à l’Assemblée nationale. Ce mardi 27 mai 2025, les députés ont adopté deux propositions de loi liées à la fin de vie. La première, votée à l’unanimité (560 voix pour), vise à garantir l’égal accès de tous aux soins palliatifs. La seconde, plus controversée, a été adoptée par 305 voix contre 199 et 57 abstentions. Elle instaure un droit à l’aide à mourir, incluant sous conditions l’euthanasie et le suicide assisté.
Le texte prévoit qu’une personne souffrant d’une affection grave et incurable, en phase avancée ou terminale, et subissant une souffrance constante (physique ou psychique), puisse demander l’administration d’une substance létale — à s’auto-administrer ou non selon son état.
Le projet, soutenu par le gouvernement, doit désormais être examiné par le Sénat à l’automne. En attendant, les prises de position se sont multipliées. Parmi elles, celle du député René Lioret, élu RN de Côte-d’Or, est ferme et argumentée.
 
Un refus assumé du droit à mourir : « Ma position est claire »
René Lioret a voté contre la proposition de loi sur l’aide à mourir, tout en soutenant pleinement celle relative aux soins palliatifs. « Ma position est claire : je dis non à l’euthanasie. » Il fonde sa décision sur deux grands axes : les dérives constatées à l’étranger et le risque de désengagement en matière de soins palliatifs. « Dans tous les pays où cette loi a été mise en place – Belgique, Pays-Bas, Suisse, Canada – on voit une évolution inquiétante. Ce qui devait être exceptionnel est devenu courant, voire banal. »
Il cite des chiffres à l’appui : en Belgique, de 2 352 cas en 2002 à 3 420 en 2022, aux Pays-Bas, de 1 882 à 8 720 sur la même période, en Suisse, un quadruplement en dix ans ou encore au Canada, une explosion de 1 018 à 15 543 cas en 7 ans.
« Si on extrapole ces chiffres à la population française, on atteindrait entre 30 000 et 35 000 cas par an. » Pour le député, la question n’est pas simplement morale : elle est aussi politique et structurelle.
 
Soins palliatifs : « C’est là qu’il faut investir »
René Lioret insiste sur un point fondamental à ses yeux : le manque de moyens pour soulager réellement la douleur. Il évoque des chiffres préoccupants : « Au Canada, seuls 15 % des patients qui devraient recevoir des soins palliatifs en bénéficient. En France, c’est à peine 50 %. C’est insuffisant. Chaque jour, environ 500 personnes meurent sans avoir reçu les soins qu’elles auraient dû avoir ».
Il alerte sur un risque de désengagement de l’État au profit d’une solution qu’il juge « plus simple » économiquement : « À l’heure où la sécurité sociale est en tension, où l’on manque de lits, de personnel formé, je crains qu’on privilégie une voie plus rapide et moins coûteuse ».
Dans sa circonscription, il note les limites actuelles : « J’ai visité l’Hôpital de la Mirandière à Quétigny. Il y a une antenne à Châtillon, une autre mobile en création sur Beaune. Mais c’est encore largement insuffisant. Et rappelons qu’il y a 20 départements en France qui ne disposent d’aucune unité de soins palliatifs ». René Lioret espère une amélioration de l’existant plutôt qu’une révolution des principes éthiques : « Quand les patients ne souffrent plus, ils ne demandent plus à mourir. C’est sur cet enjeu que nous devons concentrer nos efforts ».
 
Une liberté de vote au sein du RN, mais une opposition marquée
Contrairement à d’autres dossiers, il n’y avait pas de consigne de vote dans les groupes politiques, y compris au Rassemblement National. Marine Le Pen a laissé à chaque député la liberté de voter « en son âme et conscience ». « Je sais que dans mon groupe, ceux qui sont favorables au texte sont minoritaires. Personnellement, ma conviction est fondée, non sur une croyance religieuse, mais sur une approche humaniste et responsable du rôle des soignants. Les médecins sont là pour accompagner, pas pour donner la mort. »
 
Un scepticisme sur les sondages pro-euthanasie
Le député relativise aussi les études d’opinion qui indiquent qu’environ 80 % des Français seraient favorables à l’euthanasie : « Je suis dubitatif sur ces chiffres. En tant qu’élu, j’ai reçu beaucoup de courriels me demandant de voter contre : certains pour des raisons philosophiques, religieux, d’autres par peur des dérives. Une seule personne m’a écrit pour exprimer son soutien à la loi. »
Le texte sera examiné par le Sénat à l’automne, son avenir législatif reste incertain.

Jeannette Monarchi

Repères
Texte sur les soins palliatifs : adopté à l’unanimité (560 voix pour)
Texte sur l’aide à mourir : adopté 305 pour / 199 contre / 57 abstentions
Prochaine étape : examen au Sénat à l’automne 2025
Procédure : accessible uniquement aux patients en phase terminale ou avancée, souffrant de manière constante, avec demande écrite encadrée par un collège médical