Innover pour durer : la Bourgogne viticole en quête de résilience

Innover pour durer : la Bourgogne viticole en quête de résilience

Réunis à Beaune pour leur rentrée, les responsables du Comité Bourgogne ont rappelé que l’avenir des vins de Bourgogne passera par la recherche et l’adaptation. De la longévité des blancs étudiée par le projet VOLTA à la transition agroécologique soutenue par de nouveaux financements, la filière revendique une stratégie où science et tradition avancent main dans la main.

La rentrée du Comité Bourgogne (ex-BIVB) s'est tenue ce lundi à la Cité des Climats et des Vins de Beaune. Face au défi du changement climatique, le Comité Bourgogne multiplie les projets de recherche pour préserver l’authenticité de ses vins.
 
« Réinventer les conditions de la vigne » : l’innovation au service de la durabilité
Le ton a été donné par Frédéric Barnier, coprésident de la Commission Technique et Innovation : « Dans le contexte du changement climatique, il faut réinventer les conditions de la vigne. Le succès des vins de Bourgogne repose sur la qualité et la constance. Nous devons pérenniser cette authenticité ».
Sous son impulsion, le Comité Bourgogne multiplie les programmes scientifiques et techniques visant à adapter le vignoble aux défis climatiques tout en préservant la typicité de ses vins. Parmi les projets phares, VOLTA illustre cette ambition.
 
Projet VOLTA : comprendre les secrets de la longévité des vins blancs
Lancé en 2020 en partenariat avec Vinventions et un réseau de 40 caves bourguignonnes, le projet VOLTA explore les mécanismes qui construisent le potentiel de garde des vins blancs de Bourgogne. Grâce à l’outil Polyscan, les chercheurs et vignerons mesurent l’impact des choix techniques – du pressurage à l’élevage – sur la résistance des vins à l’oxydation. « Ce dispositif collectif est une première en Bourgogne : 40 caves partenaires, 5 millésimes suivis, des milliers de mesures confrontées aux dégustations », explique Domitille Brosseau, cheffe de projet œnologie au Comité Bourgogne.
L’objectif : objectiver scientifiquement ce que le savoir-faire bourguignon pressent depuis des générations.
Les résultats sont probants : le traitement de la vendange influence fortement la stabilité du vin ; l’élevage sur lies et les fûts peu chauffés renforcent la résistance à l’oxydation ; les tests de tendance d’évolution (TE) permettent d’anticiper la longévité en bouteille.
« La longévité n’est pas seulement un héritage : c’est un potentiel qui se construit, résume Frédéric Barnier. Cette démarche ne remplace pas le savoir-faire des vignerons, elle l’enrichit. »
La suite du programme VOLTA portera sur la maturité des raisins et son influence sur la garde, une nouvelle étape pour renforcer la compréhension du lien entre terroir, climat et style des vins.

700 000 € pour préserver le patrimoine viticole : la Bourgogne agit

Le Comité Bourgogne a annoncé l’obtention de 700 000 € de financements publics (ministère de l’Agriculture et FranceAgriMer) pour mener deux nouveaux programmes majeurs : PARSADA et CAP-2050, inscrits dans la stratégie de transition agroécologique de la filière.
 
PARSADA : anticiper le retrait des produits phytosanitaires
Le projet PARSADA s’inscrit dans le grand plan gouvernemental de réduction des produits phytosanitaires (146 M€ sur 5 ans). Il vise à trouver des alternatives efficaces pour lutter contre le mildiou et le black rot, deux maladies majeures du vignoble.
En Bourgogne, ce programme prolonge le travail engagé depuis 2016 avec la CAVB et la Chambre d’Agriculture, qui a déjà permis : une hausse de 200 % de l’usage des biocontrôles depuis 2019, 68 % des exploitations engagées dans une certification environnementale ou RSE, et 25 % des domaines certifiés bio ou en conversion.
PARSADA permettra de structurer un réseau régional de conseillers techniques et un laboratoire d’idées favorisant les innovations issues du terrain. L’objectif est clair : anticiper les risques plutôt que de subir les maladies, et ainsi réduire les traitements.
 
CAP-2050 : adapter le vignoble bourguignon au changement climatique
Lancé officiellement en janvier 2026, CAP-2050 vise à renforcer la résilience du vignoble face au dérèglement climatique. Piloté par le Comité Bourgogne avec l’appui de l’INAO, de la CAVB et de nombreux partenaires, ce programme de trois ans explorera des systèmes viticoles innovants à travers un démonstrateur régional basé au Vinipôle Sud Bourgogne.
Les axes de recherche porteront sur quatre leviers :
- Diversification du matériel végétal : introduction de variétés résistantes et patrimoniales.
- Protection contre les aléas climatiques : filets d’ombrage, bâches, nouvelles pratiques culturales.
- Réduction de l’empreinte carbone : étude des densités de plantation et conduite du vignoble.
- Gestion du stress thermique et préservation de la typicité : innovations œnotechniques (récolte nocturne, refroidissement, gestion du feuillage).
CAP-2050 associera également la Chaire UNESCO “Cultures et traditions vitivinicoles” de l’Université Bourgogne Europe et le cabinet PArHis, pour replacer ces transformations dans une lecture historique : comment les vignerons bourguignons ont-ils su s’adapter aux crises du passé ?

Jeannette Monarchi