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Beaune - L’Hôtel-Dieu au carré : les visions géométriques de Boris Delta Tellegen

Beaune - L’Hôtel-Dieu au carré : les visions géométriques de Boris Delta Tellegen
Beaune - L’Hôtel-Dieu au carré : les visions géométriques de Boris Delta Tellegen
Beaune - L’Hôtel-Dieu au carré : les visions géométriques de Boris Delta Tellegen
Beaune - L’Hôtel-Dieu au carré : les visions géométriques de Boris Delta Tellegen

Les murs de l’Hôtel-Dieu murmurent encore les récits du temps. Mais depuis peu, une autre langue s’y inscrit — celle des formes, des lignes et des volumes. Dans la cour d’honneur, le street artiste néerlandais Boris Delta Tellegen signe une œuvre géométrique et lumineuse. “L’Hôtel-Dieu au carré” transforme les symboles héraldiques et les motifs bourguignons en sculptures modernes et abstraites.

Sous le titre évocateur “Imaginaires Kréatifs – Visions Hospitalières, Visions Minérales”, l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune poursuit son dialogue entre patrimoine historique et création contemporaine. Ce vendredi soir, la cour d’honneur s’est parée de nouvelles couleurs et de nouveaux volumes : quatre sculptures monumentales signées Boris Delta Tellegen, artiste néerlandais reconnu pour son travail en 3D. « Nous avons franchi une nouvelle étape dans cette année anniversaire des dix ans de l’inscription des Climats de Bourgogne à l’UNESCO, explique Guillaume Koch, directeur des Hospices Civils de Beaune. Nous avons commencé avec une approche très ludique, grâce aux Gouzous de Jace, poursuivi avec les œuvres d’Eron remplacées par les portraits d’Andrea Ravo Mattoni, et aujourd’hui nous entrons dans un nouveau temps, plus radical, presque destructif, mais toujours poétique avec l’univers de Delta. »


L’Hôtel-Dieu au carré : formes, volumes et lumière
Intitulée “L’Hôtel-Dieu au carré”, l’œuvre se compose de quatre sculptures tridimensionnelles en acrylique et vernis sur bois. Les pièces reprennent les couleurs emblématiques des tuiles vernissées du monument, mêlées à des références aux tapisseries médiévales et girouettes qui ornent les toits beaunois. « J’ai voulu jouer avec les volumes et les facettes comme on jouerait avec la lumière sur la pierre calcaire de Bourgogne, confie Boris Delta Tellegen, dont les propos ont été traduits par l’artiste Mode 2, le directeur artistique de cette opération. Ces boucliers modernisés sont à la fois un hommage à l’architecture gothique et une exploration de la forme pure. Ce sont des trompe-l’œil sculpturaux, qui démultiplient la perception de l’espace. »
Installées sur la façade Saint-Louis, ces œuvres transforment la cour d’honneur en kaléidoscope lumineux, où chaque déplacement du visiteur fait naître de nouvelles correspondances géométriques et chromatiques. « Le vrai défi, précise Mode 2, a été d’accrocher ces formes ensemble dans une composition cohérente, grâce au savoir-faire de Daniel Hofstede, artiste néerlandais spécialisé dans le collage. »
 
Le contexte : dix ans d’un dialogue entre art et patrimoine
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une série artistique lancée en 2024 à l’occasion des 10 ans de l’inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Sous la direction du street artiste Mode 2, quatre figures internationales — Jace, Eron, Andrea Ravo Mattoni et Delta — ont été invitées à réinventer le regard porté sur l’Hôtel-Dieu. « L’Hôtel-Dieu est un terrain de jeu exceptionnel pour les artistes, souligne Dominique Bruillot, président de l’association La Karrière, partenaire du projet. Nous avons voulu confronter quatre visions, quatre écritures. Ce défi, imaginé par Sandrine Allard-Saint-Albin, responsable de l’Hôtel-Dieu, et Ruben Klein, membre du conseil d’administration de La Karrière, est une véritable réussite. Il ouvre de nouvelles perspectives. D’ailleurs, une célébration est déjà prévue en fin d’année, avant l’ouverture de nouveaux chapitres l’an prochain. »


De la rue au musée : le parcours de Boris Delta Tellegen
Né en 1968 à Amsterdam, Boris “Delta” Tellegen s’impose dès les années 1980 comme une figure majeure du graffiti 3D. Formé à l’école de Delft, il y intègre des notions d’architecture et de mécanique qui influenceront durablement son style.
Son travail explore les frontières entre typographie, structure et sculpture, mêlant rigueur analytique et fantaisie ludique.
Aujourd’hui, son langage plastique – à mi-chemin entre la rue et le musée – s’exporte dans le monde entier. Avec “L’Hôtel-Dieu au carré”, il signe une œuvre qui déconstruit et reconstruit le patrimoine à travers la géométrie, la lumière et la couleur.
 
Et après ?
Toutes œuvres signées des trois street-artistes resteront visibles jusqu’à mi-novembre, avant que cinq de Jace, deux d'Andrea et une de Delta ne rejoignent les collections permanentes de l’Hôtel-Dieu (la répartition se fait en fonction du nombre de pièces produites).

Jeannette Monarchi