BEAUNE
Beaune - « Aucun pouvoir sur nos contenus » : Jean Vergès, fondateur de Cités Immersives, dévoile son projet pour l’Hôtel des Ducs et répond à la polémique Pierre-Edouard Stérin
Par Jeannette Monarchi
Publié le 03 Décembre 2025 à 13h08
Avec un investissement de 2,5 M€, Cités Immersives s’apprête à métamorphoser l’Hôtel des Ducs en un parcours historique spectaculaire consacré à l’épopée ducale. Son président et cofondateur, Jean Vergès, revient sur ce projet culturel d’envergure, adopté à l’unanimité par le conseil municipal.
Le conseil municipal de Beaune a validé à l’unanimité un bail emphytéotique de 18 ans confiant l’Hôtel des Ducs – ancien musée du Vin – à l’opérateur privé Cités Immersives. Objectif : transformer ce lieu patrimonial classé en un parcours immersif inédit sur l’histoire ducale, grâce à un investissement privé compris entre 2,5 et 3,2 millions d’euros.
La municipalité justifie ce virage fort : le musée actuel, fréquenté par seulement 15 000 visiteurs par an, est « au bout de son modèle ». Cités Immersives, jeune start-up culturelle fondée en 2023 par Jean Vergès et Anthony Samama, promet de transformer ce monument en un pôle d’attraction majeur, visant 80 000 visiteurs annuels.
Encore peu connue du grand public, l’entreprise se distingue par sa capacité à mêler rigueur historique, narration scénarisée, décors immersifs et innovations technologiques (360°, son 3D, interactive). Déjà implantée à Rouen, Paris, Nice ou Londres, elle veut désormais contribuer à redonner à Beaune la visibilité culturelle qu’elle mérite. Rencontre avec Jean Vergès, président et cofondateur de Cités Immersives.

Jean Vergès © Natacha Lamblin
Info-Beaune.com — Cités Immersives se présente comme un nouveau modèle culturel, à la croisée du musée, du spectacle et des technologies immersives. Comment expliquer votre concept à quelqu’un qui ne le connaît pas ?
Jean Vergès — Cités Immersives, c’est l’idée de réunir le meilleur des musées et du monde du loisir. Une réalité s’impose : près de 70 % des Français ne vont jamais au musée, souvent par sentiment de distance — qu’elle soit financière, intellectuelle ou simplement géographique. Nous avons donc emprunté certains codes du loisir : le rythme narratif des escape games, l’immersion des parcs à thème, l’intensité visuelle du cinéma… sans jamais sacrifier le contenu scientifique. Notre démarche repose sur une valorisation rigoureuse des sources, enrichies par des décors, des effets spéciaux, une scénographie soignée et plusieurs niveaux de lecture afin de capter tous les publics.
Notre particularité, c’est d’être un acteur culturel privé, ce qui nous offre une agilité précieuse pour expérimenter, innover, accélérer et créer des projets qui sortent des cadres habituels.
L’un de nos enjeux majeurs est de rendre l’Histoire et la culture accessibles au plus grand nombre. Pour cela, Cités Immersives collabore avec l’association Lumières d’Histoire, qui mène des actions sociales et éducatives auprès des publics éloignés — personnes en situation de handicap, hospitalisés, scolaires, habitants de quartiers prioritaires… — aussi bien sur site qu’en organisant des transports. Ces initiatives nous permettent de poursuivre notre mission : construire un environnement culturel réellement inclusif.
Comment est née l’idée de Cités Immersives ?
Jean Vergès — J’ai eu beaucoup de chance : j’ai grandi dans un environnement où la culture faisait partie du quotidien. Très tôt, j’ai eu envie de partager cela. À l’adolescence déjà, j’avais un blog et une chaîne YouTube où je parlais d’art.
Plus tard, mes études d’histoire de l’art et de droit m’ont conduit à travailler au cœur même des institutions muséales. J’ai fondé Universal Museum of Art, un musée en réalité virtuelle qui collaborait avec des institutions comme le Musée d’Orsay. J’ai ensuite créé Art Talks, une agence de contenus culturels.
Cités Immersives est en quelque sorte la suite logique : après avoir produit du contenu pour les musées, j’avais envie de revenir au réel, de créer des lieux physiques où l’on vit une expérience culturelle complète.
Votre promesse : une immersion spectaculaire mais scientifiquement irréprochable. Comment travaillez-vous avec les historiens ?
Jean Vergès — Pour chaque projet, nous nous entourons d’un comité scientifique composé d’historiens qui travaillent avec nous tout au long de la phase de post-création afin de garantir l’exactitude et la cohérence du récit. Leur rôle est de s’assurer que nos contenus dialoguent avec les données historiques — personnages, lieux, événements, contextes — et qu’ils offrent une vision aussi exhaustive que possible, respectueuse des débats, des nuances et des complexités propres à toute histoire longue. L’objectif est clair : proposer une expérience accessible au plus grand nombre, sans simplifier ni trahir les faits.
Ce comité assure ensuite la relecture et la validation de l’ensemble des contenus — textes, scénarios, décors pour lesquels nous nous autorisons parfois des libertés scénographiques, toujours signalées en toute transparence. Il nous accompagne également dans la conception du catalogue d’exposition, qui rassemble les connaissances ayant servi de fondement au parcours et permet aux visiteurs d’approfondir les différents niveaux de lecture. Nous tenons à « susciter la curiosité » en offrant des contenus complémentaires, notamment des capsules vidéo réalisées avec le youtubeur Nota Bene.
Autour de ce comité scientifique garant de la rigueur du projet, une équipe créative interne se mobilise : direction artistique, création de contenus, scénographes… un ensemble de compétences réunies pour donner vie à nos récits immersifs.

L'Équipe © Cités Immersives Anna Maria Miranda
Pourquoi avoir choisi Beaune pour implanter une nouvelle Cité Immersive ?
Jean Vergès — L’Hôtel des Ducs est un monument fascinant. Ses murs portent déjà l’écho des ducs de Bourgogne. Même si l’on n’est pas certain de qui y résidait précisément, on sait que c’était un lieu de pouvoir, traversé par Philippe le Hardi, Jean sans Peur ou Philippe le Bon.
Ensuite, Beaune est une ville à très forte attractivité touristique. Il existe aujourd’hui un véritable enjeu à allonger la durée de séjour des visiteurs, et la meilleure manière d’y parvenir est d’enrichir encore l’offre culturelle, en complément des Hospices de Beaune ou de la Cité des Vins. Par ailleurs, l’histoire ducale constitue une thématique absolument fascinante, encore largement méconnue du grand public : un territoire qui s’étendait jusqu’aux Flandres, carrefour majeur entre les cultures, doté d’un pouvoir et d’une richesse parfois supérieurs à ceux du royaume de France.

Avez-vous déjà commencé à travailler sur le récit et la scénographie ?
Jean Vergès — Oui, nous avons commencé les premiers travaux d’exploration historique et scénographique. Mais nous en sommes encore au début : l’essentiel du travail reste à venir, notamment avec nos partenaires locaux. Nous aurons l’occasion d’en dire plus très bientôt.
Quels spécialistes beaunois ou bourguignons allez-vous associer au projet ?
Jean Vergès — Le comité scientifique est en cours de constitution. Nous solliciterons naturellement des historiens et des experts du territoire. Cités Immersives a une volonté claire : s’ancrer dans l’écosystème local.
Cela passe par l’emploi local, par des partenariats avec les établissements scolaires, les acteurs économiques, les structures culturelles. Beaune accueille des salons, des entreprises, un tourisme professionnel important : nous voulons contribuer à cette dynamique. Notre ambition est simple : que cette Cité Immersive soit portée par les Beaunois, qu’elle reflète leur patrimoine et leur identité.
Une question politique a été évoquée lors du conseil municipal : comment garantissez-vous votre indépendance éditoriale ? L’un de vos investisseurs, Pierre-Édouard Stérin est une figure engagée politiquement : milliardaire philanthrope, fondateur de Smartbox, il entretiendrait des liens avec le Rassemblement National. Comment garantissez-vous l’indépendance totale des contenus et l’absence de toute influence idéologique dans vos créations culturelles ?
Jean Vergès — Cette polémique n’a pas lieu d’être : il faut éviter de fantasmer. Pierre-Edouard Stérin, via sa holding Otium Capital — premier investisseur privé dans les start-up, avec plus d’une centaine de participations dans le secteur du loisir — a simplement pris part, comme d’autres, à une levée de fonds destinée à financer nos premiers projets. Son engagement politique, qui est au cœur des controverses, n’a strictement aucun lien avec notre activité. Il n’a été impliqué qu’en tant qu’investisseur et n’exerce aucun pouvoir sur nos choix créatifs, éditoriaux ou scientifiques. D’ailleurs, ni lui ni ses équipes ne se sont jamais rendus sur l’un de nos sites, ce qui illustre clairement la distance entre nos projets culturels et sa figure publique, dont nous ne souhaitons en aucun cas être associés.
Nous sommes allés chercher des financements dans un contexte où il est particulièrement difficile de lever des fonds pour des initiatives culturelles ; pour autant, Cités Immersives demeure une entreprise totalement indépendante et entend continuer à se distinguer nettement de toute prise de position politique extérieure auxquelles nous ne souhaitons pas être associés.
Jeannette Monarchi
Voir, sentir, vivre l’Histoire : la vision Cités Immersives
Cités Immersives, fondée en 2023, est une entreprise culturelle innovante qui réinvente l’expérience des musées d’Histoire grâce à des espaces immersifs mêlant rigueur scientifique, narration vivante, scénographie spectaculaire et technologies avancées (vidéomapping, 360°, son 3D, décors interactifs). Chaque « Cité », un lieu de 600 à 1 000 m², combine parcours sensoriel, décors inspirés du théâtre, pédagogie exigeante et médiation pour tous les publics, avec l’ambition de démocratiser l’Histoire et de valoriser les patrimoines régionaux via un réseau national et international de lieux permanents et nomades. Déjà implantée à Rouen — où la Cité Viking est devenue le lieu culturel payant le plus visité de la ville — et en version itinérante à Carré Sénart, l’entreprise prépare l’ouverture en 2025 d’une grande exposition immersive consacrée aux Fables de La Fontaine, avec un casting prestigieux. Engagée socialement via l’association Lumières d’Histoire, elle développe des actions pour les publics éloignés (hôpitaux, prisons, REP+, QPV). Portée par ses fondateurs Jean Vergès, historien de l’art et spécialiste de l’innovation muséale, et Anthony Samama, diplômé de HEC et Sciences Po, entrepreneur du numérique et élu local, Cités Immersives revendique une vision : « émouvoir pour mieux transmettre ». Partant du constat que 83 % des Français aiment l’Histoire mais que 70 % ne vont pas dans les musées traditionnels, l’entreprise propose une nouvelle génération de lieux hybrides, à mi-chemin entre musée, spectacle vivant, cinéma et jeu vidéo, avec l’ambition de devenir l’un des dix acteurs culturels les plus visités de France dans les prochaines années.
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