CÔTE D'OR

CHU Dijon Bourgogne - L’Unité d’accueil pédiatrique enfants en danger renforce la protection des enfants victimes de violences

CHU Dijon Bourgogne - L’Unité d’accueil pédiatrique enfants en danger renforce la protection des enfants victimes de violences

Installée depuis mars 2024 dans de nouveaux locaux au sein de l’hôpital d’enfants, l’Unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED) du CHU Dijon Bourgogne propose une prise en charge globale, à la fois médicale, sociale et judiciaire, pour préserver la parole et le parcours de soins des mineurs victimes de violences.

L’Unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED) du CHU Dijon Bourgogne est installée depuis mars 2024 dans ses nouveaux espaces, au deuxième étage de l’hôpital d’enfants. Les enfants bénéficient, auprès d’une équipe pluridisciplinaire spécifiquement formée, de conditions d’accueil à la fois confortables et rassurantes. Surtout quand Vox, le chien du service, est à leurs côtés. Particularité de ce service : une approche à la fois médico-sociale et judiciaire, afin de préserver l’enfant et d’éviter d’ajouter du traumatisme au traumatisme.  
La vocation de l’UAPED est d’accueillir, en consultations, des enfants victimes de violences, mineurs de tous âges, majoritairement adressés par la justice, et par d’autres acteurs (professionnels de santé, assistants sociaux…). Ce service du CHU Dijon Bourgogne, ouvert le 1er juin 2023 et inauguré le 11 septembre de cette même année dans ses temporaires, accueille environ 450 patients chaque année. Ses nouveaux locaux, ouverts depuis mars 2024, bénéficient d’une décoration et d’un ameublement différents de ceux des autres services aux enfants, adaptés au jeune public qu’ils reçoivent. Ils comprennent un secrétariat, une salle d’attente aménagée avec un aquarium numérique financé par l’association Anémone des étudiants en médecine et un espace jeu et bibliothèque, des bureaux de consultation et aussi une salle d’audition (avec son local technique séparé par une vitre sans teint) où gendarmes et policiers spécialement formés peuvent mener les entretiens filmés nécessaires à l’enquête sur les violences dont sont victimes les enfants (des violences de toutes sortes : physiques, sexuelles, en particulier inceste, psychologiques, y compris le harcèlement). Les enfants bénéficient dans le service de rendez-vous médicaux et médico-sociaux, assurés par une équipe pluridisciplinaire[1] : pédiatres, psychologues, infirmière, assistante sociale.  
 
Quand ils arrivent au sein de l’UAPED, les enfants sont accueillis par l’infirmière, qui leur explique le déroulé des consultations à venir.  L’UAPED recevant des enfants âgés de 0 à 18 ans, les professionnels adaptent le discours et l’enchainement des rendez-vous au développement de chacun. 
Quand l’audition a lieu dans les locaux, elle est expliquée à l’enfant (pourquoi il y a une caméra et des micros, comment elle va se dérouler…), et l’enfant est alors reçu par le gendarme ou le policier spécialisé. À l’issue de l’audition, l’enfant peut profiter de la salle d’attente pour se détendre et jouer ou lire dans l’espace dédié. 
L’association Les Bébés de la Chouette a financé une machine à boissons ainsi qu’un an de dosettes, permettant d’offrir un chocolat chaud aux enfants sur ce temps de pause, et une boisson chaude aux accompagnants. 
Pendant ce temps de pause pour l’enfant, les professionnels (le médecin et/ou la psychologue) qui vont recevoir l’enfant en consultation s’entretiennent avec l’officier de police judiciaire qui l’a entendu afin de lui éviter de répéter les mêmes informations. La consultation médicale et/ou psychologique peut alors commencer. L’objectif de ces consultations est de constater d’éventuelles lésions, cicatrices, appuyant le récit de l’enfant, et d’évaluer le retentissement que les violences subies peuvent avoir sur l’enfant, sa vie à la maison, à l’école, dans ses relations aux autres ou encore ses loisirs, et d’en rendre compte à la justice. Ces consultations, avant de servir la justice, sont avant tout un soin pour l’enfant. 
Le principe de cet enchaînement audition - consultation est l’unité de temps et de lieu car, dans ces circonstances, « redire c’est revivre ». Cela permet à l’enfant de se livrer une fois et ne pas répéter son récit auprès de chaque professionnel. L’évaluation réalisée par les psychologues se déroule souvent en deux consultations, afin qu’elle soit complète, adaptée à l’âge de chaque enfant et qu’une orientation soit proposée. La consultation médicale se passe majoritairement en une seule fois. Toutefois, l’enfant n’est pas toujours prêt pour l’examen médical donc un second rendez-vous peut lui être nécessaire. 
L’UAPED bénéficie, pour son fonctionnement, du soutien financier de l’Agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté et du Conseil départemental de la Côte-d’Or. 

Une équipe ressource régionale 
Les professionnels de l’UAPED, accompagnés du docteur Mélanie Loiseau, médecin légiste et maîtresse de conférences à l’université, forment aussi l’équipe pédiatrique référente régionale enfance en danger (EPRRED). Cette équipe est un recours à l’échelle régionale pour son expertise dans le domaine de la maltraitance. Elle forme et informe les professionnels des autres UAPED ainsi que tout professionnel travaillant auprès des enfants et de la justice, en région Bourgogne-Franche-Comté. Une formation courte universitaire « Violences faites aux enfants » a d’ailleurs vu le jour sous l’impulsion des docteurs Sylvie Bernardini et Mélanie Loiseau. Cette formation vise à apporter aux professionnels les outils permettant de repérer et d’intervenir dans les situations d’enfance en danger. La première session a lieu à l’UFR Sciences de santé de Dijon lors de l’année universitaire 2025-2026 et sera ouverte chaque année. 
 
Le rôle des UAPED 
Les unités d’accueil pédiatrique enfants en danger ont été créées dans le cadre du second plan interministériel de lutte contre les violences faites aux enfants (2023-2027). Il est prévu la création d’une unité dans chaque département. « Ces unités offrent, dans un lieu unique et un environnement adapté, un accueil avec du personnel formé, une audition par les services d’enquête et un accompagnement global (judiciaire, médical, social et médico-légal) du mineur victime », indique le plan. L’UAPED a donc pour vocation de répondre à trois enjeux simultanément : le soin, la procédure pénale et la protection de l’enfant. Celui de Dijon bénéficie, pour le volet soin, de l’ensemble des services existant au sein du CHU, en particulier l’ensemble des spécialités présentes à l’hôpital d’enfants, la médecine légale et l’imagerie.

Vox : ce chien change la vie des enfants ! 
Vox, jeune Golden Retriever de 11 mois, est, depuis le 1er septembre, le chien de l’UAPED. Il aura, à terme, pour mission d’accompagner les jeunes patients dès leur arrivée de leur service, et de rester à leurs côtés pendant l’ensemble de leur séjour, y compris en salle d’audition. Après sa formation initiale dans sa famille d’accueil, il poursuit son apprentissage au sein de l’UAPED en lien avec l’association Adap’ton chien et participe aux consultations.  Vox a pour maîtresse Lauriane Fèvre, infirmière coordinatrice de l’unité. Cette dernière, ainsi que Pauline Chevalier, psychologue, référente secondaire, ont été formées pendant trois jours, fin août, à Sabres (Landes), par un spécialiste d’Adap’ton Chien. L’opération est possible grâce à l’engagement financier de l’association La Voix de l’enfant. 
La présence d’un chien au sein d’une UAPED a été expérimentée à partir de 2022 dans trois services, à Orléans, à Saint-Lô et à Vannes, avec des résultats éloquents, assurent les responsables de l’association : « Selon une méta-analyse (Hediger et al., 2019), les interventions assistées par des animaux de compagnie permettent de réduire de 59 % les symptômes de stress posttraumatique chez les enfants victimes de violences ». L’équipe de l’UAPED de Dijon confirme l’effet immédiat de la présence du chien, particulièrement gentil et câlin. Le CHU Dijon Bourgogne fait partie des huit premiers établissements à accueillir un chien de soutien dans son UAPED en France. L’intégration du chien a fait l’objet d’une procédure sérieuse, en lien avec les services hygiène, qualité et gestion des risques du CHU, et avec le souci d’une sécurité absolue pour les patients. 
Vox va travailler au sein de l’unité pendant 10 ans. Pendant les deux premières années, le producteur d’aliments pour animaux Purina ProPlan offre sa nourriture et La Voix De l’Enfant finance une mutuelle santé. Pour la suite, l’équipe de l’UAPED fait d’ores et déjà appel aux dons. Un appel qui a porté ses fruits quand il a fallu acheter le petit matériel nécessaire : il a été entendu par le Rotary Club Dijon Toison d’Or. Tout récemment, le magasin Terranimo, situé à Quetigny, a fait don d’un coussin et de friandises afin de récompenser Vox pendant son travail à l’UAPED. 
 
➢ Vox est un chien moderne : il a ses pages Instagram et Facebook, mais aussi son adresse mail
« Le grand avantage de l’interdisciplinarité, c’est qu’elle évite aux enfants de répéter plusieurs fois la même chose, de ressasser sans cesse le même récit. Les enfants bénéficient d’un examen médical complet, qui permet d’identifier d’autres problèmes que ceux liés aux violences dont ils ont été victimes. Les entretiens nous permettent d’évaluer leur comportement, leur traumatisme, leur niveau de confiance. Notre volonté est de leur proposer un accueil chaleureux, sécurisant, d’être à leur écoute. De ce point de vue, Vox joue un rôle déterminant : il contribue à apaiser les enfants, il fait vraiment la différence en matière de stress. »  Dr Sylvie Bernardini, pédiatre, responsable de l’UAPED 
 
« Vox est un chien très sociable, il aime les câlins, il a un sens développé de l’empathie. Il vient au contact des enfants, en douceur, il va chercher leur regard pour les resécuriser, les apaiser, les rassurer, atténuer leur sentiment de solitude, contribuer aussi à libérer leur parole. À ces jeunes patients traumatisés, parfois mutiques, le chien apporte du réconfort, c’est un gros doudou vivant ! Certains enfants peuvent craindre les animaux, il ne leur est alors pas imposé, bien entendu ; mais nous avons déjà l’expérience d’une petite fille qui avait peur à son arrivée, mais qui l’a très vite accepté. Depuis qu’il est arrivé, nous entendons à nouveau des rires d’enfant dans le service, ce qui n’arrivait jamais avant ! » Lauriane Fèvre, infirmière coordinatrice de l’UAPED, référente de Vox

Témoignages d’enfants et de parents : 
« Vox m’a aidé à être plus rassuré et à avoir moins peur. » 
 
« Je trouve qu’il était rigolo, il écoute, il joue sans faire mal aux gens, je pense franchement qu’il aime les papouilles et les bisous. » 
 
« Vox est très sage, il aide beaucoup, ça m’a bien rassurée, je trouve ça très cool, il aide à baisser le stress, il écoute super bien, c’est un très bon chien. » 
 
« La présence de Vox dans ce lieu d’accueil pour aider les enfants à se sentir bien est une idée extraordinaire. Ma fille a eu un changement impressionnant tout au long de ce rendez-vous, il l’a aidée à être différente dans cette période difficile. » 
 
L’UAPED et Vox ont bénéficié du soutien de plusieurs partenaires : La Voix de L’Enfant, Adap’ton chien, Purina Proplan, le Rotary Club Dijon-Toison d’Or, la ville de DIJON, Terranimo Quétigny.

[1] En équivalents-temps pleins, l’effectif de l’UAPED est ainsi composé de : 1 secrétaire, 1 infirmière coordinatrice, 0,8 pédiatre, 1,4 psychologue, 1 assistante sociale, 1 cadre de santé.