POLITIQUE

Claude Gruffat, un eurodéputé qui a pris son bâton de pèlerin en faveur du bio, ce jeudi à Beaune

Claude Gruffat, un eurodéputé qui a pris son bâton de pèlerin en faveur du bio, ce jeudi à Beaune
Claude Gruffat au lancement de son Tour de France du bio à Nantes en avril dernier @DR

Ce jeudi 15 juin, EELV 21 accueille Claude Gruffat, eurodéputé Les verts/ALE, pour une table-ronde sur la « consolidation et la relance de la filière BIO » à 19 h 30. Député Les verts/ALE au Parlement Européen, Claude Gruffat a entamé en avril dernier un « tour de France de la BIO ».

Constitué de sept étapes dans les grandes régions françaises, ce premier volet du tour de France de la BIO  s’achève par une table-ronde ce jeudi soir à Beaune sur la consolidation et la relance de la filière BIO, avec la participation de Laurence Henriot, éleveuse à Villebichot et présidente de Biobourgogne. En allant à la rencontre de ces acteurs de l’agriculture biologique, il souhaite construire, avec elles et eux, un projet de relance de la filière. Entretien avec Claude Gruffat qui nous explique ses motivations, sa vision de la filière bio.
 
Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce « Tour de France de la Bio » ?
C’est en tant que député européen, siégeant au sein de la Commission de l'agriculture et du développement rural, que j’interviens. Le Parlement européen a adopté en 2019 le pacte « Green Deal », un pacte vert pour l'Europe qui est un ensemble de mesures visant à engager l'UE sur la voie de la transition écologique. Je suis plus particulièrement intéressé par le volet « Farm to Fork » (NDLR : de la ferme à la fourchette) dont la stratégie vise notamment à réduire de 50 % le recours aux pesticides et aux antibiotiques dans l’alimentation animale d’ici à 2030, de 20 % le recours aux engrais chimique. Elle prévoit d’atteindre à cette date 25 % de surfaces cultivées en bio en sachant que l’UE est aujourd’hui à 6,5 %, la France à 8,5 %, 26 % en Autriche (bon élève) et le pire l’Irlande à 3 %. Je trouve cette stratégie plutôt intéressante et ambitieuse mais la volonté politique n’est pas suffisante pour valoriser la culture bio. Donc comment fait-on ? D’autant plus que nous sommes aujourd’hui confrontés à une crise de l’agriculture biologique, et plus largement de la filière bio qui vit une crise exceptionnelle marquée par la diminution de la consommation, les difficultés des agriculteurs… C’est pourquoi j’ai pris mon bâton de pèlerin et je vais à la rencontre des agriculteurs bio en difficulté. Mon objectif est de réfléchir avec eux aux grandes décisions à prendre pour réussir ce cap de la transition écologique. Il nous faut une réelle stratégie pour assurer la souveraineté alimentaire, dont l’importance nous est malheureusement rappelée avec la guerre en Ukraine. C’est quoi leurs visions pour atteindre cet objectif d’ici à 2030 ? L’un des leviers connus est de développer le bio dans la commande publique, c’est-à-dire dans les cantines, l’objectif affiché est de 20 % alors que nous en sommes qu’à 6 %. Ce n’est pas suffisant.
 
Pouvez-vous nous expliquer en quoi va consister la table-ronde de ce jeudi soir ? Allez-vous aborder la spécificité régionale de la filière viticole ?
La thématique est comment consolider la relance de la filière bio pour une alimentation de qualité. Il y aura le témoignage d’agriculteurs qui apporteront leurs visions du territoire, des maraîchers qui nous feront part de leurs retours d’expériences : pourquoi ils se sont engagés sur cette voie et comment, et il y aura aussi des viticulteurs, région viticole oblige, pour aborder la qualité du vin, l’utilisation des pesticides. Ma volonté n’est pas de culpabiliser les producteurs qui ne sont pas bio mais plutôt de vouloir les accompagner dans cette démarche qui demande des compétences, des finances et de la motivation pour une reconnaissance de leur travail.
 
Quelle est la finalité de ce Tour de France de la Bio ? Allez-vous établir un plan d’actions ? Avez-vous déjà des pistes ?
Ma volonté est de produire un livre blanc avec certaines recommandations sur comment on arrive à 25 % de bio. J’ai déjà quelques pistes prises au cours de ma tournée, même si je ne pars pas de zéro*, à travers mes rencontres avec les acteurs du territoire. Par exemple, je suis surpris des résultats dans les cantines bio en terme de gaspillage grâce à l’accompagnement pédagogique des enfants qui va avec cette transition, sans hausse de tarifs pour les parents ou les collectivités, et surtout la volonté de ne jamais revenir en arrière car la satisfaction est totale en termes de qualité, de réduction du gaspillage et la découverte des saveurs. Je privilégie les circuits-courts et la proximité, ce lien direct avec les producteurs locaux.
Je continuerai ce Tour de France du Bio à partir de la rentrée pour aller dans les régions que je n’ai pas encore visitées comme la Bretagne et je rêve de poursuivre par un Tour d’Europe.

 
Jeannette Monarchi

 
*Président de Biocoop de 2004 à 2019 et eurodéputé depuis 2020, il participe activement aux commissions AGRI (agriculture), ECON (affaires économiques et monétaires) et IMCO (marché intérieur et protection des consommateurs).
 
Table-ronde sur la consolidation et la relance de la filière BIO
Jeudi 15 juin à 19 h 30
Tour de Marie de Bourgogne
Boulevard Perpreuil à Beaune

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