BOURGOGNE

Œnotourisme : en Bourgogne, la ministre trace la route d’un tourisme d’avenir

Œnotourisme : en Bourgogne, la ministre trace la route d’un tourisme d’avenir
Œnotourisme : en Bourgogne, la ministre trace la route d’un tourisme d’avenir
Œnotourisme : en Bourgogne, la ministre trace la route d’un tourisme d’avenir
Œnotourisme : en Bourgogne, la ministre trace la route d’un tourisme d’avenir

De Chambolle-Musigny à Marsannay-la-Côte, en passant par une table ronde, Nathalie Delattre, ministre déléguée au Tourisme, a consacré ce dimanche matin à une visite immersive en Côte-d’Or. Entre réflexions de terrain et ambitions nationales, l’œnotourisme se confirme comme un levier stratégique pour la France et la Bourgogne.

Ce dimanche 25 mai 2025, au lendemain de son intronisation dans la Confrérie des Chevaliers du Tastevin au Château du Clos de Vougeot, Nathalie Delattre s’est rendue en Côte-d’Or pour une séquence entièrement dédiée à l’œnotourisme. Cette journée a débuté à Chambolle-Musigny, au cœur du vignoble de la Côte de Nuits, où la ministre a visité l’Hôtel Bellevigne, établissement récent qui incarne une vision moderne et immersive de l’accueil œnotouristique : chambres thématiques, restaurant inspiré par le terroir, spa aux extraits de raisin, salons de dégustation... tout y célèbre la culture viticole locale.
Accompagnée de Laurent Fayard, directeur de l’hôtel, et de Benoît Byrski, sous-préfet de l'arrondissement de Beaune, la ministre a pu constater comment l’hospitalité haut de gamme peut servir la mise en valeur du terroir, en lien direct avec les viticulteurs et les prestataires locaux.

 
Une table ronde nourrie d’idées et de terrains
Dans ce lieu d’exception s’est tenue une table ronde, réunissant vignerons, hôteliers, professionnels du tourisme, représentants d’offices, élus et institutionnels. L’objectif : écouter, comprendre, décortiquer les enjeux de l’œnotourisme contemporain. Au cœur des échanges : l’attractivité du label « Vignobles & Découvertes », la valorisation des itinéraires tels que la Route des Grands Crus (qui fêtera ses 90 ans en 2027), les enjeux de mobilité, de formation, d’accueil touristique et d’accessibilité.
Parmi les interventions, celle de Marie-Claire Bonnet-Vallet, présidente de Côte-d’Or Attractivité : « L’œnotourisme est un des piliers de développement économique local. En 2023, nous avons enregistré 7 millions de nuitées en Côte-d’Or, dont 51 % à l’initiative de visiteurs étrangers. L’enjeu est de structurer une offre durable, qualitative, et lisible ».
Laurent Fayard, hôtelier, a précisé : « Il faut réunir tous les acteurs, pas seulement les hôteliers ou les vignerons, mais aussi les loueurs de vélos, les artisans tonneliers, les tour-opérateurs... Le vrai défi, c’est la mobilité et la lisibilité de l’offre ».
Un représentant d’une maison de vin : « Nous devons dépasser la simple dégustation. Créer des circuits à vélo, penser l’accueil dans sa globalité, montrer l’histoire des Climats dans toute sa richesse ».
Le manque de mobilité douce, la difficulté de coordination entre les offres, la saisonnalité marquée et la nécessité de décarboner le tourisme ont largement été pointés. Tous s’accordent sur un besoin : plus de visibilité pour le label "Vignobles & Découvertes" et une plateforme de réservation unifiée à l’échelle nationale.
 
Une vision nationale du tourisme viticole
Dans son allocution, la ministre a déployé sa stratégie nationale. Trois axes : durabilité, inclusion, innovation. Tourisme durable, avec un accent sur la décarbonation et la gestion de l’eau ; tourisme inclusif, pour les 12 millions de personnes porteuses de handicap ; tourisme innovant, via la data, l’intelligence artificielle et la valorisation des start-up de la French Tech autant d’opportunité de croissance en répondant mieux aux attentes des touristes.
La ministre a également évoqué les défis structurels du secteur : manque de main-d’œuvre, difficulté à loger les saisonniers, régulation des meublés de tourisme, et nécessité de travailler sur la désaisonnalisation de l’offre. « Il faut faire du tourisme viticole un pilier de notre image à l’international, mais aussi un moteur de développement territorial. »
Chiffres à l’appui, la France reste la première destination mondiale avec 100 millions de touristes internationaux et 71 milliards de recettes. Le tourisme pèse pour 8 % du PIB, 2 millions d’emplois, mais souffre de trois faiblesses : un manque d’unité stratégique, des investissements fragmentés, et une saisonnalité trop marquée. « La défiance vis-à-vis du vin existe. Nous devons continuer à convaincre que l’œnotourisme, c’est l’héritage, la transmission, l’expérience culturelle et environnementale. » Elle appelle à l’engagement de tous les acteurs : « Il faut embarquer le tourisme rural, faire de la Bourgogne un modèle de décarbonation, d’inclusion et d’accueil personnalisé ».
Et d’ajouter : « L’objectif est aussi de structurer une véritable “marque France” du tourisme viticole, capable de rivaliser à l’échelle mondiale, avec une offre cohérente, lisible et portée collectivement ».
 
Œnotourisme : un modèle à renforcer
Laurent Delaunay, président du BIVB, a souligné le double enjeu : faire cohabiter production et accueil, tout en préservant l’environnement et les conditions de travail des vignerons. La Cité des Climats et des Vins de Bourgogne, présentée comme un outil d’interface entre visiteurs et professionnels, a été citée comme un levier structurant pour valoriser la filière, offrir des contenus pédagogiques et favoriser la montée en gamme de l’expérience touristique.
Charlotte Fougère, 1re vice-présidente de l’association des Climats de Bourgogne, a plaidé pour une médiation renforcée entre habitants et visiteurs, dans le cadre des 10 ans de l’inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO, une décennie marquée par des actions de valorisation, de transmission et de sensibilisation au cœur du territoire.
Ce dimanche, la ministre a salué un modèle bourguignon exemplaire et rappelé que la viticulture est un pilier identitaire de la France : « La vigne est un paysage, une culture, une histoire, un levier économique, une diplomatie. Il faut la protéger et la faire rayonner ».
 
Marsannay-la-Côte : immersion au caveau
La matinée s’est poursuivie à Marsannay-la-Côte, au Caveau des Vignerons. Ce lieu, emblématique du territoire, incarne la volonté d’ouvrir les domaines aux visiteurs de manière conviviale, pédagogique et ancrée dans la modernité. Il symbolise aussi la dynamique souhaitée : une viticulture ouverte, durable et attractive.
Ce n’est que le début d’une feuille de route nationale en construction, où la Bourgogne entend bien jouer un rôle moteur.

Jeannette Monarchi