CÔTE D'OR

L’eau en question

L’eau en question

A Dijon, le carrefour des gestions locales de l’eau a notamment interrogé les élus sur l’obligation du transfert de la compétence eau aux intercommunalités. La loi qui devait entrer en vigueur au 1er janvier 2026 a finalement été abandonnée par le législateur.

Après avoir décidé d’imposer le transfert de la compétence de la gestion de l’eau aux communautés de communes au 1er janvier 2026, l’Etat fait marche arrière et renonce à cette obligation. Certains acteurs s’inquiètent que ce retour en arrière ne stoppe l’élan engagé. « Depuis 2022, on constate des interruptions de la ressource au robinet sur certains territoires et les petites collectivités isolées sans maillage ne peuvent pas profiter de la solidarité » a souligné Nicolas Chantepy, directeur général adjoint, agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Une commune a servi d’exemple sans être citée. Alors que sa voisine disposait d’un surplus d’eau, elle n’a pas pu le solliciter quand elle s’est retrouvée en pénurie car aucun réseau ne les reliait, l’obligeant à avoir recours à un coûteux approvisionnement extérieur. « La strate intercommunale permet aux élus de travailler à la mutualisation des projets. Je crois à la gouvernance à l’échelle du bassin versant où tous les usagers se retrouvent autour de la table et décident de ce qu’il faut faire dans l’intérêt général » souligne Antoine Hoareau, vice-président de Dijon Métropole en charge de l’eau et l’assainissement. Une position qui rejoint celle de Ludovic Rochette, président de l’association des maires de France en Côte-d’Or. « Il y a un travail collectif à mettre en œuvre car on ne peut pas faire seul. Il y a une bonne volonté des maires mais un risque à garder la compétence sans que l’EPCI soit forcément le bon périmètre. Il faut adapter au territoire. »

Trouver le bon niveau
Sébastien Sordel, vice-président de la commission agriculture et développement durable au conseil départemental prône un autre échelon. « La Côte-d’Or est en tête de trois bassins versants. Nous avons de l’eau mais elle part rapidement. Le département est une bonne échelle pour coordonner les actions et accompagner des collectivités qui ont peu de moyens techniques. » L’élu a notamment rappelé que sa collectivité dispose déjà d’un laboratoire d’analyse d’eau.
En parallèle, le changement de direction de l’Etat inquiète les agences de l’eau dans une certaine mesure. « L’obligation de transférer les compétences a amené certaines communes à s’interroger et à avoir une meilleure connaissance de leur patrimoine. L’annulation de l’obligation peut stopper les investissements nécessaires pour la ressource en eau. Les petites collectivités ont un déficit de connaissances techniques qu’il faut combler » explique Marie Guénet, directrice de la direction territoriale Seine-amont, agence de l’eau Seine Normandie. La responsable invite par ailleurs élus et acteurs en tout genre des territoires à préserver l’eau brute. « Il faut arrêter de dégrader la nappe souterraine. Cela demande un changement de pratiques. » Avec le plan eau, les collectivités doivent réduire de 16 % leur prélèvement dans le milieu naturel d’ici 2030.

Nadège Hubert