BEAUNE

Festival international d'opéra Baroque - Beaune à deux voix : quand l’histoire et le chant lyrique réenchantent la ville

Festival international d'opéra Baroque - Beaune à deux voix : quand l’histoire et le chant lyrique réenchantent la ville
Festival international d'opéra Baroque - Beaune à deux voix : quand l’histoire et le chant lyrique réenchantent la ville
Festival international d'opéra Baroque - Beaune à deux voix : quand l’histoire et le chant lyrique réenchantent la ville
Festival international d'opéra Baroque - Beaune à deux voix : quand l’histoire et le chant lyrique réenchantent la ville

Lancée dans le cadre du Festival international d’opéra baroque, la nouvelle visite guidée musicale « Beaune à deux voix » marie patrimoine et chant lyrique dans une déambulation sensible, à la croisée du récit historique et de l’émotion vocale. Chaque samedi de juillet, trente visiteurs chanceux plongent dans l’intimité des cours cachées, des cloîtres oubliés et des hôtels particuliers rarement ouverts au public.

Sous un soleil éclatant et dans une chaleur estivale tamisée par l’ombre complice des cours et des cloîtres, une trentaine de curieux se sont laissé guider, ce samedi, à travers un parcours inédit où patrimoine et voix baroques s'entrelacent avec grâce. Un rendez-vous intimiste et sensible qui marque une grande première dans le cadre du Festival international d’opéra baroque de Beaune.
 
Un concept nouveau pour une ville aux mille échos
"Beaune à deux voix – Patrimoine & musique vocale", c’est une visite guidée, une balade chantée, incarnée, une immersion dans les siècles, menée tambour battant par Véronique Mangold, guide-conférencière, et deux chanteuses lyriques de l’ensemble Les Traversées Baroques, Claire Jeannerod et Jeanne Bernier.
 
Un partenariat local au cœur du projet
Cette visite musicale, véritable création inédite dans le cadre du Festival d’Opéra Baroque de Beaune, n’aurait pu voir le jour sans un travail partenarial minutieux et exigeant, mené avec les propriétaires privés et les institutions publiques. Un long repérage, des répétitions musicales sur site et une coordination fine entre les équipes ont permis d’ouvrir exceptionnellement au public certains lieux confidentiels, rarement accessibles.
Ce dialogue entre acteurs du patrimoine, artistes, historiens et structures touristiques, initié sous l’impulsion de Maximilien Hondermarck, nouveau délégué général du festival, en collaboration avec l’Office de tourisme de Beaune et Les Traversées baroques, donne à cette expérience une couleur rare : celle d’une ville qui se raconte en confiance, à voix nue.
Chaque halte est une rencontre : avec un lieu souvent fermé au public, avec un récit historique ciselé, et surtout, avec la magie de la voix humaine qui s’élève, nue, entre les murs. À chaque étape, la musique ouvre la porte du temps. Un chant, un commentaire, un autre chant. Parfois même, le public est invité à faire le bourdon, - cette basse continue que l’on chantait jadis en chœur : une vibration collective, presque mystique – voire reprendre les paroles.


Entre prestige, secrets et confidences de pierre
Le départ se fait depuis l’Office de Tourisme, place de la Halle. Très vite, la petite troupe est absorbée dans les ruelles de la vieille ville, emportée vers l’hôtel de Saulx. Ici, les pans de bois restaurés dans les années 1990 racontent le 15e siècle, et la chanson « Réveillez-vous Picards » rappelle l’indépendance d’esprit des Bourguignons face à Louis XI. La voix cristalline résonne, intime et puissante, dans cette cour discrète que l’on devine rarement derrière les façades de pierre.
Plus loin, l’Hôtel Le Cep, autrefois étape royale de Louis XIV, déroule ses salons, dont l’un arbore fièrement le buste du Roi Soleil. Un clin d’œil, évidemment, au festival d’opéra baroque et à ses grandes heures : Barbara Hendricks, Pavarotti, tant de légendes y ont séjourné lors de la Vente des vins. La musique, elle, trouve ici un écho contemporain, dans un salon où les notes font le lien entre passé et présent.
 
Trésors d’architecture et souvenirs d’épopées
Au cœur de la cour Thiroux de Saint-Félix, joyau Renaissance caché rue Maufoux de l’Hôtel Le Cep, les visiteurs découvrent des galeries suspendues du 16e siècle et une inscription énigmatique : Échappe qui peut. Devise alchimique ? Témoin d’un cercle ésotérique ducal ? Mystère... La guide dénoue les fils de cette élégante demeure, autrefois investie par Louis Mandrin, célèbre contrebandier qui rançonna la ville en 1754. Les récits deviennent scènes de théâtre, et l’imaginaire vagabonde au gré des pierres sculptées.
 
Chants d’amour, de foi et de mémoire
La collégiale Notre-Dame, basilique du XIIe siècle, accueille une halte d’émotion. Les voix s’élèvent sous les ogives du cloître, interprétant l’hymne à la rose de Ronsard, ode à l’amour et à l’éphémère. Puis « Maria, ma terre », un chant tissé comme une tapisserie de sons, évoque la douceur d’un monde ancien.
Dans le cloître, entre art roman et gothique, la visite devient méditation. Les chanoines qui vivaient ici, rue d’Enfer, étaient autrefois propriétaires de vignes, de terres, de dîmes : un monde disparu, mais toujours palpable dans la pierre.
 
La cuverie Drouhin, un joyau révélé au fil des voix
Sous les voûtes de la cuverie des chanoines – aujourd’hui propriété de la Maison Joseph Drouhin – la lumière baisse, la fraîcheur revient… Là, au cœur de la pierre, dans les caves voutées du XIIIe siècle, repose un pressoir monumental du XVIe, chef-d’œuvre d’ingéniosité technique surnommé « le perroquet ». Utilisé jusqu’à la Révolution puis remis en fonction lors d’occasions exceptionnelles (millénaire, anniversaires), il incarne à lui seul la continuité entre le sacré et le vivant, le passé et le présent.
L’émotion est palpable quand les voix s’élèvent dans ce lieu chargé d’histoire : le chant semble y réveiller les murs, dialoguer avec les fûts, faire résonner l’âme du vin. Une vraie plongée sensorielle dans l’identité beaunoise, entre spiritualité, terre et savoir-faire.
La visite passe aussi à l’Hôtel des Ducs de Bourgogne, devenu Musée du Vin. Le lien entre patrimoine, chant et terroir s’y révèle dans toute sa force : la voix prolonge la terre, la pierre raconte les silences du temps.
Une promenade rare, précieuse, pensée sous l’impulsion de Maximilien Hondermarck, nouveau délégué général du Festival, avec le concours de l’Office de tourisme de Beaune et des Traversées Baroques. Un hommage à Anne Blanchard, médiéviste passionnée et cofondatrice du festival en 1982, qui a su faire de Beaune une terre d’échos lyriques.
Beaune n’a pas fini de chanter. Et vous ? Viendrez-vous prêter l’oreille à ses murmures d’histoire ?
 
Une expérience à vivre absolument
Proposée tous les samedis de juillet à 14 h 30, cette visite guidée musicale est limitée à 30 personnes. Réservation obligatoire auprès de l’Office de Tourisme de Beaune. Tarif : 15 € (10 € pour les 12-18 ans, gratuit pour les moins de 12 ans).

Jeannette Monarchi

Prochaines dates : Samedis 12, 19 et 26 juillet à 14 h 30
Départ : Office de tourisme – Place de la Halle, Beaune
Réservations.
Toute la programmation du Festival international d'opéra Baroque ici