BOURGOGNE

Le crémant de Bourgogne change de tête

Le crémant de Bourgogne change de tête

Nouvelle présidente de l’union des producteurs et élaborateurs de crémants de Bourgogne, UPECB, Agnès Vitteaut accompagne ses homologues à relever les défis qui les attendent. Entre problèmes d’approvisionnement en verre, un nouvel étiquetage obligatoire sur le vin et une appellation qui chemine doucement vers son 50ème anniversaire, les actualités ne manquent pas.

Juriste en droit social dans le secteur privé, Agnès Vitteaut a changé de direction professionnelle en 2004 pour reprendre le domaine familial. A Rully, le domaine Vitteaut – Alberti a vu le jour en 1974 et exploite aujourd’hui 22 hectares sur la Côte Chalonnaise, la Haute Côte de Beaune et les Maranges. « On est spécialisé dans la bulle, on ne fait pas de vin tranquille » sourit Agnès Vitteaut. Quand ses parents ont envisagé de vendre le domaine, elle choisit de poursuivre cet héritage familial. « J’ai aimé ma première carrière mais j’étais à un âge où on réfléchit à ce qui compte. Mes parents ne m’ont jamais mis la pression même si je les ai toujours aidé, pour les vendanges par exemple. » Elle reprend alors des études avec un diplôme technicien d’œnologie suivi d’un DU sciences de la vigne. « J’ai aussi travaillé avec mes parents qui m’ont transmis leurs connaissances techniques et commerciales. » Aujourd’hui, la viticultrice n’a aucun regret quant au choix qu’elle a fait. 

Gagner en responsabilités

Au fil du temps, elle prend des responsabilités, intégrant l’union des producteurs et élaborateurs de crémants de Bourgogne aux côtés de son père, membre du conseil d’administration. Elle siège alors au CRINAO, comité régional de l’institut national de l’origine et de la qualité, pour représenter l’UPECB et se fait la main. Elle entre ensuite au bureau du syndicat professionnel. « Quand le président a pris sa retraite, on m’a proposé de lui succéder mais je ne me sentais pas légitime. Comme il n’y avait pas d’autres candidats, j’ai accepté et j’ai été élue. » Le 19 janvier 2023, elle entame ainsi un mandat de trois ans. 

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« En 2025, l’appellation fêtera ses 50 ans, l’âge de la sagesse avec des bases fortes, de l’expérience et de quoi rêver encore. » La nouvelle présidente souhaite notamment participer à la segmentation du produit tant au niveau des vins de Bourgogne, qu’en France face aux autres crémants qu’à l’international par rapport à la concurrence. « Nous devons également prendre en compte les enjeux techniques et les changements climatiques en intégrant la recherche. » La cinquantenaire entend également renforcer l’image du crémant auprès des viticulteurs bourguignons. « Nous devons nous rendre désirable auprès de ceux qui n’osent pas faire de crémant alors que ce produit a le vent en poupe. » 

Des défis quotidiens

Pour l’heure, l’UPECB a d’autres défis à relever à commencer par les recrutements et les formations. « Les cavistes ne sont pas formés aux vins pétillants et c’est dommage. » Les 3 840 membres de l’UPECB, dont 1 700 récoltants, représentent en effet 12% des vins de Bourgogne avec 22, 6 millions de bouteilles produites en 2022. Même si la récolte 2022 a été bonne, les producteurs de crémants connaissent des difficultés pour la mise en bouteille après avoir dû puiser dans leur stock pour contrebalancer les faibles récoltes 2020 et 2021. « Alors que les ventes augmentent, nous devons restreindre les marchés faute de stocks et nous ne pouvons pas mettre en bouteille la dernière récolte à cause de soucis d’approvisionnement en verrerie. » En parallèle, comme tous les producteurs de vin, les membres de l’UPECB se préparent à répondre à l’obligation européenne modifiant les étiquettes. A partir du 8 décembre 2023, elles devront indiquer la liste des ingrédients et la déclaration nutritionnelle. « Il faut appréhender cette nouvelle contrainte à moindre frais car ce sont de nouveaux coûts pour les étiquettes numériques notamment. » 

Quelques éléments chiffrés à propos du crémant de Bourgogne

Le chiffre d’affaire pour le Crémant de Bourgogne est d’environ 140 000 000 d’euros HT par an et chaque année  ce sont près de 1600 viticulteurs qui produisent du raisin pour l’appellation Crémant de Bourgogne (le chiffre évolue chaque année).
2915 hectares en 2022 et une production de 192 661 hectolitres.
138 domaines, caves et maisons élaboratrices de Crémant de Bourgogne

Les ventes se répartissent de la façon suivante 

 

Nadège Hubert 

Crédit photo: UPECB / Thierry Gaudillère