BEAUNE
Cité des Climats de Beaune – Le vin dans l’Antiquité : rites, commerce et transmission jusqu’à la Bourgogne
Par Jeannette Monarchi
Publié le 17 Juin 2025 à 07h28




A l’occasion des Journées européennes de l’archéologie, la Cité des Climats à Beaune a accueilli une table ronde, ce vendredi, consacrée à l’histoire de la viticulture gallo-romaine. Deux chercheurs, Jean-Pierre Garcia et Stéphane Mauné, y ont livré une fresque passionnante sur les origines du vin en Gaule.
Vendredi, la Cité des Climats et Vins de Bourgogne a accueilli, dans le cadre des Journées européennes de l’archéologie, une table ronde intitulée « La grande épopée des vins antiques : des Gaules à la Bourgogne ». Animée par Jean-Pierre Garcia, professeur à l’université de Bourgogne, et Stéphane Mauné, directeur de recherche au CNRS, cette rencontre a transporté le public au temps des amphores, des marchés antiques et des premières vinifications gallo-romaines, d’abord sous influence grecque et étrusque, puis romaine.
Un événement organisé en partenariat avec Iter Vitis, le réseau culturel européen des chemins de la vigne, dont la Cité a reçu le prix du "Best Wine Museum" en 2023.
Un voyage aux origines du vin en Gaule
Spécialiste de l’Antiquité romaine, Stéphane Mauné, directeur de recherche au CNRS et membre du LabEx Archimède à Montpellier, est l’un des meilleurs connaisseurs de la naissance de la viticulture en Gaule. Il rappelle que « Marseille est le berceau de la viticulture gauloise », où les Grecs ont fondé Massalia au VIe siècle av. J.-C. et introduit la vigne dans le sud de la Gaule. « Ils maîtrisent la culture de la vigne et de l’olivier, qu’ils diffusent à travers un réseau de comptoirs en lien avec les populations gauloises ».
Le vin, perçu comme « une boisson sacrée destinée à relier les hommes aux dieux », bouleverse alors les pratiques culturelles. Pour Mauné, il ne s’agit pas seulement d’agriculture, mais d’un phénomène culturel et civilisationnel. « Le vin change tout : il transforme les pratiques alimentaires, les rituels, les échanges. Avant cela, on buvait des fermentations de céréales. Le vin, c’est l’ivresse et l’éternité. »
Les Marseillais enseignent aux Gaulois l’art de tailler, greffer et vinifier. Les Romains, eux, standardisent les pratiques et organisent la filière. Le vin devient une marchandise échangée contre « du métal, du fromage ou des esclaves », et sa diffusion gagne l’intérieur des terres. Mais à partir du IIe siècle av. J.-C., l’essor du vin gaulois est freiné par les importations massives de vin italien. Après la guerre des Gaules, Rome freine même « volontairement le développement des vignobles gaulois », pour protéger sa production.
Ce recul, aggravé par un changement climatique défavorable, ralentit temporairement l’expansion viticole en Gaule, jusqu'à la fin de l’Antiquité.Les Marseillais enseignent aux Gaulois l’art de tailler, greffer et vinifier. Les Romains, eux, standardisent les pratiques et organisent la filière. Le vin devient une marchandise échangée contre « du métal, du fromage ou des esclaves », et sa diffusion gagne l’intérieur des terres. Mais à partir du IIe siècle av. J.-C., l’essor du vin gaulois est freiné par les importations massives de vin italien. Après la guerre des Gaules, Rome freine même « volontairement le développement des vignobles gaulois », pour protéger sa production.
Ce recul, aggravé par un changement climatique défavorable, ralentit temporairement l’expansion viticole en Gaule, jusqu'à la fin de l’Antiquité.
En Bourgogne : traces archéologiques et transmission
Pour Jean-Pierre Garcia, géologue et historien de la vigne, la Bourgogne viticole d’aujourd’hui plonge ses racines dans cette époque gallo-romaine. Grâce à l’analyse des pépins de raisin fossiles, du pollen, des outils agricoles, mais aussi à l’étude géomorphologique des sols, Jean-Pierre Garcia a remonté le fil des implantations viticoles, en identifiant le déplacement progressif du vignoble vers le nord après la conquête de la Gaule.
À cette époque, les vignes sont en plaine, à proximité des villas romaines. Le modèle des coteaux n’apparaît qu’au Moyen Âge, avec les clos monastiques. Ces découvertes témoignent d’un savoir-faire viticole antique étonnamment proche des pratiques contemporaines, inscrit dès l’origine dans une logique d’adaptation aux conditions de climat, d’eau et de logistique. « À l’époque gallo-romaine, les vignes n’étaient pas sur les coteaux. Elles s’étendaient dans les plaines, autour des villas, dans une agriculture mixte », précise encore Jean-Pierre Garcia.
Un propos prolongé par Stéphane Mauné, pour qui la viticulture est une économie, mais aussi un fait de civilisation. Dès l’Antiquité, le vin est produit, transformé, stocké et exporté selon des règles codifiées, avec parfois du plâtre pour boucher, des herbes ou de l’eau de mer pour en stabiliser la conservation.
Dans le cadre contemporain de la Cité des Climats et Vins de Bourgogne, cette conférence a permis un rare dialogue entre archéologie, histoire et culture du vin, salué par un public nombreux. Un moment de transmission vivante qui éclaire les ambitions œnotouristiques d’aujourd’hui à la lumière des pratiques d’hier.
Jeannette Monarchi


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