BOURGOGNE

Télémédecine - Le CHU Dijon Bourgogne en première ligne contre la désertification médicale

Télémédecine - Le CHU Dijon Bourgogne en première ligne contre la désertification médicale

Consultations à distance, expertises numériques, suivi post-opératoire ou sevrage tabagique digitalisé : à Dijon, la médecine du futur est déjà une réalité.

Derrière les murs du CHU Dijon Bourgogne, une révolution silencieuse est en marche. Portée par les enjeux d’accessibilité, de réactivité et d’égalité d’accès aux soins, la télémédecine est devenue une composante essentielle de l’offre de soins régionale. Consultation à distance, téléexpertise entre médecins, télésurveillance post-opératoire ou encore accompagnement digital au sevrage tabagique : l’hôpital universitaire déploie une stratégie ambitieuse et plurielle pour répondre aux défis de santé publique dans une région particulièrement exposée à la désertification médicale.
 
Soigner à distance, mais pas sans exigence
La télémédecine, définie par le Code de la santé publique, regroupe plusieurs pratiques médicales à distance : téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance… Depuis la loi HPST de 2009, ces actes sont strictement encadrés. Ils répondent aux mêmes exigences que la médecine « présentielle » : rigueur scientifique, confidentialité, traçabilité.
Avec plus de 20 % de la population régionale vivant dans des zones sous-dotées, la Bourgogne-Franche-Comté a fait de la télémédecine une priorité régionale, soutenue par l’ARS, le GRADeS, et la Région. Une plateforme sécurisée, TELMI, facilite aujourd’hui les échanges entre professionnels, le suivi des patients et l'accès aux experts hospitaliers.
 
Une mission stratégique pour le CHU Dijon Bourgogne
Le CHU s’engage pleinement dans cette dynamique, en tant que centre de référence pour tout l’Est de la région. Sa mission ? Accompagner les professionnels, renforcer le lien ville-hôpital, sécuriser les parcours, éviter les déplacements inutiles… et rassurer les patients. « La télémédecine ne remplace pas la consultation classique, elle la complète », insiste Albane Roumestan, chargée de mission dédiée depuis janvier 2023. Son rôle : faire le pont entre les équipes médicales, les technologies et les autorités de santé.
 
Téléconsultation : un quart des rendez-vous en génétique déjà en ligne
Certaines spécialités ont rapidement adopté le distanciel, comme le service de génétique du CHU. Depuis 2020, les consultations post-diagnostic s’effectuent par visioconférence. Près de 1 732 téléconsultations ont été réalisées en 2024, soit un quart de l’activité du service. « Les patients en voient tout de suite les avantages : moins de fatigue, moins de transport, plus de souplesse », explique la cheffe de service Prof. Laurence Olivier-Faivre. La seule condition : que le patient soit volontaire. Les premiers rendez-vous restent en présentiel, pour poser les bases relationnelles et recueillir le consentement.
 
Téléexpertise : rapprocher médecins et spécialistes
La téléexpertise, elle, permet à un généraliste de solliciter l’avis d’un spécialiste du CHU en quelques heures via la plateforme TELMI. C’est un outil clé dans les territoires isolés. En rhumatologie, le dispositif lancé par le Pr. Paul Ornetti en 2020 a permis de répondre à plus de 800 demandes, avec 220 médecins généralistes désormais connectés. Dans des départements comme l’Yonne ou la Haute-Marne, où la densité de rhumatologues est moitié moindre que la moyenne nationale, cet outil devient un maillon vital du parcours de soin.
 
Dermatologie : un centre de ressources en pleine expansion
La télédermatologie prend aussi de l’ampleur. Avec un dermatoscope et un appareil photo fournis par l’ARS, les médecins généralistes peuvent envoyer des images précises de lésions cutanées. Le CHU analyse ces données à distance. En 2024, 1 113 cas ont été traités, et déjà plus de 700 au 1er trimestre 2025. « On repère parfois des mélanomes qui peuvent être pris en charge très vite », explique Dr. Camille Leleu, référente du dispositif. À moyen terme, ce centre de ressources proposera également des formations aux généralistes.
 
Télésurveillance : le soin se poursuit à domicile
Autre volet majeur : la télésurveillance. Le principe : des patients transmettent des données sur leur état de santé (via appli ou objets connectés), suivies à distance par les soignants. Depuis 2023, plusieurs pathologies chroniques comme l’insuffisance cardiaque, le diabète ou les troubles respiratoires sont concernées.
Le CHU expérimente aussi des dispositifs innovants, comme APACEV, une solution de suivi pour les patients anticoagulés après une thrombose. Une appli smartphone, un questionnaire hebdomadaire, une analyse rapide : l’outil, développé par l’équipe du Dr Nicolas Falvo, améliore la sécurité, évite les urgences et favorise l’ajustement des traitements en temps réel.
 
Méditer pour arrêter de fumer : eMind, un parcours novateur
Dans un registre plus inattendu, le service d’addictologie explore l’alliance entre pleine conscience et sevrage tabagique. Le programme eMind, appuyé par l’ARS, propose un accompagnement sur huit semaines avec vidéos, audios, exercices de respiration et télésuivi de la consommation. Une approche douce, accessible et individualisée, qui allie psychologie, autonomie et innovation technologique.
 
Une ambition collective, un levier pour l’avenir
La télémédecine ne prétend pas tout résoudre. Mais elle redessine les contours du soin, tout en réaffirmant un objectif fondamental : garantir à tous l’accès à une médecine de qualité, partout sur le territoire. En Bourgogne-Franche-Comté, le CHU Dijon Bourgogne en est un moteur actif et pragmatique.
 
Contact télémédecine : [email protected]