BOURGOGNE
PestiRiv - Les viticulteurs revendiquent leurs progrès environnementaux avant la publication ce lundi des résultats
Par Jeannette Monarchi
Publié le 13 Septembre 2025 à 07h53
Près de 3 500 prélèvements réalisés sur 162 sites, dont la Bourgogne : l’étude PestiRiv, menée par l’Anses et Santé publique France, publie ce lundi ses résultats sur l’exposition des riverains aux pesticides. Redoutant une communication « à charge », la filière viticole met en avant ses efforts : baisse des produits de synthèse, essor du bio et certifications environnementales.
« On sait qu’on va se prendre un scud. » Le ton est donné par Thiébault Huber, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), ce vendredi avant même de connaître les conclusions de l’étude PestiRiv sur l’exposition des riverains aux pesticides. Le représentant viticole se veut à la fois lucide et combatif. « Effectivement, il y a plus de chance d’avoir un résidu dans les cheveux ou dans les urines quand on est proche d’une vigne qu’au cinquième étage d’un immeuble à Paris. Mais nous n’avons pas à rougir des efforts déjà faits, insiste-t-il. La viticulture est la filière la plus vertueuse, c'est celle qui a le plus bougé. » Derrière cette prise de parole, une crainte : que l’étude, menée par Santé publique France et l’Anses, ravive les tensions entre riverains, ONG et vignerons.
Une étude nationale inédite
Lancée conjointement par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et Santé publique France, l’étude PestiRiv s’attaque à une question sensible : les pesticides utilisés dans les vignobles français exposent-ils les riverains à des risques sanitaires accrus ? Pour la première fois, 3 500 prélèvements biologiques et environnementaux (urines, cheveux, air, poussières, aliments autoproduits) ont été analysés sur des personnes âgées de 3 à 79 ans, dans 162 sites répartis sur l’ensemble des régions viticoles françaises dont 2 000 en zone viticole et 1 500 en zone non viticole (urbain et périurbain). L’objectif est d’évaluer l’exposition réelle des riverains à 58 molécules incluant des produits encore autorisés et d’autres déjà interdits.
Menée en deux phases, entre 2020 et 2022, cette enquête d’un budget de 13 millions d’euros constitue la première étude nationale d’ampleur sur l’exposition des riverains aux pesticides dans les zones viticoles. Ses résultats seront enfin rendus publics ce lundi 15 septembre à Paris, devant le comité de suivi des études nationales sur les pesticides.

Inquiétudes et tensions dans la filière viticole
Si l’étude PestiRiv est très attendue par la société civile et les ONG, elle suscite de fortes crispations dans la filière viticole. « On n’a pas été associés dès le début à cette étude, nous avons dû demander à être tenus informés notamment du protocole, alors que ce sont nos familles, nos salariés, nos voisins qui sont concernés. On voulait être autour de la table », regrette Thiébault Huber, président de la CAVB.
Le responsable bourguignon redoute une lecture partielle et « à charge » des résultats, qu'il appelle à relativiser. La filière viticole exprime ses craintes de stigmatisation, redoutant d’être désignée comme principale responsable de l’exposition aux pesticides, alors qu’elle rappelle n’utiliser que 12,7 % des produits phytosanitaires au niveau national. « Pourquoi cibler la vigne alors que d’autres secteurs économiques utilisent aussi des produits phytosanitaires ? », interroge Thiébault Huber. Il pointe ensuite le risque « d’un amalgame », craignant que « toute molécule retrouvée soit automatiquement attribuée à la vigne, alors que de nombreux habitants jardinent ou utilisent eux-mêmes des produits phytosanitaires ». Il dénonce également des chiffres trompeurs : « si l’on raisonne en tonnage de phytosanitaires, ça explose. Mais on oublie que le cuivre, utilisé en bio, est comptabilisé par exemple. Plus de traitements, donc plus de tonnage, mais ce n’est pas comparable ». Enfin, il exprime la crainte de nouvelles contraintes réglementaires, comme le retour d’un projet de distance minimale de 150 mètres entre vignes et habitations, une mesure qu’il juge impossible à appliquer en Bourgogne où « la vigne est au cœur des villages ».

Des efforts déjà engagés
La profession insiste sur les progrès réalisés ces dernières années. L’usage des produits de synthèse a chuté de 36 % en dix ans. Le recours aux produits de biocontrôle a progressé de 50 %. 88 % des surfaces viticoles françaises sont désormais certifiées dans une démarche environnementale. En Bourgogne, 25 % des surfaces sont conduites en bio et 70 % des exploitations sont certifiées. « On est assez vertueux et prêts à aller plus loin. Mais aujourd’hui, on se heurte à des freins réglementaires. L’Anses a retiré près de 50 % des fongicides à base de cuivre, comme la bouillie bordelaise. C’est un risque d’impasse pour la conversion bio. »
Vers une coopération renforcée entre viticulteurs, État et recherche
La publication de l’étude PestiRiv sur l’exposition des riverains aux pesticides ravive les tensions mais ouvre aussi « une opportunité » pour Thiébault Huber : associer viticulteurs, État et firmes de l'agronomie pour inventer de nouveaux produits. L’objectif : développer des solutions qui respectent les trois piliers défendus par la filière – la santé des populations et des utilisateurs, la protection de l’environnement et l’efficacité agronomique – afin d’accompagner la conversion vers le bio et le biocontrôle. « Nous ne sommes pas des bourrins. Ce sont aussi nos familles, nos salariés, nos voisins qui vivent avec nous près des vignes. Nous voulons aller plus loin, mais il faut des solutions viables et un accompagnement. »
La viticulture, déjà engagée, redoute une impasse technique et cite des paradoxes de l'administration avec le retrait de certaines substances comme le cuivre. Seule une coopération renforcée entre réglementation, recherche et terrain permettra d’assurer l’avenir d’un secteur qui pèse 500 000 emplois et 12,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, tout en répondant aux attentes sociétales sans oublier une reconnaissance mondiale avec les AOC françaises.
Il juge que les 13 millions d’euros consacrés à PestiRiv auraient pu être investis dans le développement d’alternatives : tisanes de plantes, solutions de biocontrôle plus efficaces, porte-greffes résistants. « Si demain les produits de biocontrôle permettent de maintenir un niveau de production qui fasse vivre les viticulteurs, alors on pourra aller vers une viticulture 100 % biologique. »

Entre communication et prévention
Pour apaiser les relations avec les riverains, la viticulture a multiplié les actions de pédagogie. Un « guide du riverain », sous forme de livret explicatif, présente le cycle de la vigne et les pratiques mises en œuvre. Les vignerons privilégient aussi une communication directe avec les habitants lors des traitements, de plus en plus effectués de nuit pour limiter les nuisances. Sur le terrain, les pratiques évoluent : davantage de couverture végétale entre les rangs et une réduction des herbicides. « En Bourgogne, on traite de plus en plus la nuit, on dialogue avec les riverains, on a mis en place des chartes environnementales. Les tensions ont diminué. Aujourd’hui, nous voulons montrer que la filière s’est prise en main pour être vertueuse. »
Pour les viticulteurs, le combat ne fait que commencer : expliquer, convaincre et prouver que la filière ne fuit pas ses responsabilités mais qu’elle refuse d’être clouée au pilori.
Jeannette Monarchi
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