BEAUNE

Beaune – En concert le 28 novembre à La Lanterne Magique : Coline Rio : « J’ai construit une maison intérieure pour retrouver qui je suis »

Beaune – En concert le 28 novembre à La Lanterne Magique : Coline Rio : « J’ai construit une maison intérieure pour retrouver qui je suis »
(c)Noémi Ottilia Szabo

Dans son deuxième album Maison, Coline Rio ouvre un refuge où se mêlent douleur, renaissance et liberté. « Dans cette maison, il y a tout ce qui m’a tenue debout : l’amour, la famille, la gentillesse… mes fondations. » Avant son concert à Beaune, elle nous invite à franchir la porte de ce lieu profondément intime.

Dans Maison, la chanteuse nantaise rassemble les pièces de son histoire. « Cette maison intérieure porte mes fondations : l’amour, le lien familial, la douceur… » Un album sincère et lumineux qu’elle présentera à Beaune le 28 novembre.Depuis la sortie de son premier album Ce qu’il restera de nous, acclamé pour son élégance et sa sensibilité, puis de son EP Ce qui nous lie en 2024, Coline Rio s’est imposée comme une voix douce mais déterminée de la nouvelle scène française.
Avec Maison, son deuxième album paru le 10 octobre 2025, la chanteuse nantaise franchit une nouvelle étape. Douze titres intenses et lumineux composent ce disque pensé comme un lieu intime, un espace où l’émotion et la parole se déploient librement. À quelques jours de son concert à Beaune, le 28 novembre à La Lanterne Magique, elle nous invite à entrer dans cette “maison” intérieure qu’elle vient de bâtir — et à découvrir ce qu’elle y a déposé.
 
Votre nouvel album s’intitule Maison. Quelle est la symbolique de ce titre et que représente-t-il pour vous ?
Coline Rio : Le titre renvoie à l’idée d’avoir un lieu à soi, un refuge intérieur. Dans cette maison intime se trouvent toutes les choses essentielles : le lien familial, l’amour, la relation aux autres et aux femmes, la gentillesse… Ce sont mes fondations. Elles forment les socles sur lesquels on peut retrouver son identité. Cette maison raconte ce que j’ai traversé et l’endroit où j’en suis aujourd’hui.
 
C’est donc un album très introspectif ?
Oui, totalement. J’y retrace tout le chemin parcouru pendant son écriture : un chagrin d’amour très fort, une rupture qui a été le “chagrin de ma vie” et qui m’a plongée dans une dépression. Cela m’a interrogée sur ma solidité, mon autonomie dans une relation. J’ai compris que je devais devenir plus solide seule pour pouvoir affronter la vie plus sereinement.
 
Dès le premier titre, Sous la peau, vous évoquez les blessures enfouies. Transformer la douleur en art est-il une nécessité pour vous ?
Oui, absolument. J’ai été submergée par des sentiments intenses, notamment la colère. Dans cette chanson, elle s’exprime de manière douce mais bien réelle. Se respecter, c’est aussi accepter d’exprimer ses douleurs et de les laisser sortir.
 
L’album a été écrit entre Nantes, le Cantal et la Drôme. Comment ces lieux ont-ils influencé votre écriture ?
Ce sont des lieux-refuges. Nantes est ma ville de cœur, là où vit ma famille. J’ai aussi écrit beaucoup sur la route — dans les trains, les bus — ce qui m’a confrontée à une forme de déracinement.
Le Cantal, c’est mon refuge depuis l’enfance, un lieu où je retourne chaque année. La Drôme, elle, n’avait pas encore de valeur affective, mais j’y suis partie seule pour m’isoler et écrire : une sorte de carte d’asile personnelle.
 
Dans Manteau chagrin, vous parlez de la dépression amoureuse avec pudeur. Pourquoi était-ce important ?
Étonnamment, cette chanson n’était pas prévue. Je n’étais pas prête à en parler. Mais le dernier jour au studio, j’ai ressenti qu’il fallait que je pose des mots sur ce que j’avais vécu, même si la douleur était encore là.
Le manteau représente le poids lourd et long de la dépression. Écrire ce titre m’a libérée : c’est le marqueur de ma sortie de cet état. Cela m’a donné de la force et une position claire face à ce que j’avais traversé, même si m’adresser à cette personne, avec qui je n’ai plus de contact, restait difficile.
 
On perçoit une évolution musicale : plus de folk, des cordes enregistrées à Skopje… Comment décririez-vous cette nouvelle étape ?
J’avais envie d’un album vivant, nourri de rencontres. J’ai fait appel à davantage de musiciens : batterie, percussions, contrebasse, piano, un orchestre de 26 cordes, des chœurs… Curieusement, la musique est moins “fournie” que sur le premier album, mais tout est plus essentiel, plus à sa place. La couleur musicale reste la mienne, mais je suis allée vers davantage de folk. Et cette dimension live apporte beaucoup.


 Certaines chansons comme Les Louves ou Ami-amant portent un message de liberté. Quelle place tiennent ces thèmes dans votre écriture ?
Il y a une continuité avec mon premier album. Cette fois, j’explore davantage la relation à la femme, la sororité — comme dans la chanson sur ma grand-mère, une présence féminine forte et réconfortante. Les Louves s’inspire du livre Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés. J’y parle de la femme sauvage : celle qui ose, qui vit en lien avec sa nature profonde. Une chanson dédiée à toutes les femmes fortes et libres.
Avec Ami-amant, je célèbre l’amour universel, sans genre ni couleur. Je l’ai écrite après la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 : j’étais bouleversée par cette force, ces couleurs, cette liberté, ce mouvement queer vibrant.
 
Votre duo avec Barbara Pravi sur La gentillesse apporte une grande douceur. Comment est née cette collaboration ?
C’est né du désir d’écrire à deux. Nous nous étions rencontrées sur une chanson à capella avec neuf autres chanteuses, et nous avions tout de suite accroché. Je lui ai parlé de ce thème de la gentillesse — pour moi une fleur dans un jardin. Elle a dit oui immédiatement. Nous avons écrit ensemble : une vraie rencontre artistique.
 
Si Maison est un lieu intérieur, qu’aimeriez-vous que les auditeurs y trouvent ?
J’aimerais qu’ils ressentent une écoute, qu’ils se sentent entendus, réconfortés. En concert — notamment à Beaune — j’espère créer un espace où chacun peut exprimer ce qu’il ressent, sans gêne ni peur. Maison est une maison ouverte. J’aimerais que les spectateurs s’y sentent “chez eux”, en confiance, en lien.

Jeannette Monarchi
Photos (c)Noémi Ottilia Szabo

Infos pratiques
Concert de Coline Rio
Lanterne Magique : 19, rue Poterne à Beaune
 Vendredi 28 novembre à 20h
Vente physique à la Lanterne Magique le 28 novembre (dans la limite des places disponibles) ou dans les magasins Leclerc, Carrefour, Cultura et Auchan participants
Billetterie en ligne 

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(c)Noémi Ottilia Szabo