BEAUNE

Conseil municipal de Beaune - L’Hôtel des Ducs, futur pôle d’attraction avec Cité Immersives ?

Conseil municipal de Beaune - L’Hôtel des Ducs, futur pôle d’attraction avec Cité Immersives ?

Lors du conseil municipal, le bail de l’Hôtel des Ducs a été présenté : l’opérateur privé Cité Immersives prévoit un investissement de 2,5 millions d’euros pour relancer ce site emblématique, en passant de 15 000 à 80 000 visiteurs, autour d’une expérience immersive sur l’histoire ducale.

Le conseil municipal de ce lundi soir a examiné et validé à l’unanimité le bail emphytéotique administratif destiné à confier l’Hôtel des Ducs à l’opérateur privé Cité Immersives pour une durée de 18 ans. Ce bail doit permettre la transformation du musée du Vin, arrivé « au bout de son modèle », en un parcours immersif consacré à l’histoire ducale.
 
Charlotte Fougère : « Redonner un récit clair à un bâtiment chargé d’histoire »
Adjointe en charge des grands projets et du mécénat, Charlotte Fougère a rappelé que ce dossier, sur lequel elle travaille « depuis cinq ans », constitue l’une des grandes ambitions culturelles du mandat. Elle a replacé le projet dans son contexte historique : « Dès le début du mandat, nous avons voulu redonner une cohérence culturelle à l’Hôtel des Ducs. C’est un bâtiment emblématique, intimement lié à l’histoire de Beaune : il a accueilli le Grand Duc, et la ville s’est développée sous l’impulsion de Philippe Le Bon, dans un ensemble patrimonial proche des Hospices et du chancelier Rolin. Beaucoup de Beaunois ignorent cette histoire ducale ».
Le musée du Vin, installé depuis plusieurs décennies, montre désormais ses limites : « Sa muséographie, orientée art et traditions populaires, n’est plus en phase avec les attentes du public. Nous sommes au bout d’un modèle muséal. Avec seulement 15.000 visiteurs par an, il fallait proposer autre chose ».
La Ville a donc choisi un virage fort : « Nous avons voulu offrir un nouveau récit contemporain grâce à un modèle immersif. D’où ce bail pour un usage culturel porté par un investissement privé : il y a zéro risque pour la Ville ».
 
Un projet culturel privé dans un bâtiment classé
L’Hôtel des Ducs, protégé au titre des Monuments historiques, impose des règles strictes. Cité Immersives, a assuré l’élue, a parfaitement conscience des contraintes patrimoniales. Le bail prévoit : une durée de 18 ans, une redevance annuelle fixe de 40 000 € HT,  une part variable de 3 % du chiffre d’affaires, plafonnée à 100.000 € et un retour gratuit du bâtiment à la Ville à la fin du bail.
La municipalité a voté les travaux de mise en sécurité, tandis que l’opérateur prévoit entre 2,5 et 3,2 M€ d’investissement pour aménager la scénographie immersive et les espaces intérieurs.
 
Cité Immersives : un opérateur culturel en pleine expansion
Cité Immersives est une jeune société de professionnels issus de la culture et compte 30 salariés et plusieurs sites en forte croissance avec ses parcours narratifs inspirés des univers littéraires et fantastiques : implantation à Rouen (Immersion chez les Vikings, 120.000 visiteurs en 16 mois), Paris avec la Cité des Fables de La Fontaine (180 000 visiteurs en 3 mois) ou encore Nice, Metz et Londres (Alice in Wonderland).
« Nous sommes heureux qu’ils aient choisi Beaune pour développer un récit ducal. Il existe très peu d’opérateurs capables de concevoir ce type d’expérience. Ce projet est bon pour Beaune : il redonne une vision claire au bâtiment, le protège, et propose une offre culturelle digne de ce nom », a conclu Charlotte Fougère.
L’ambition affichée est forte : passer de 15.000 visiteurs à 80.000 par an.
 
Inquiétude sur un investisseur
Lors du débat, Geoffroy Brunet (du groupe d’opposition « Beaune Convergence ») a salué « un beau dossier, solide et plutôt avantageux pour la Ville », avant d’ajouter une réserve liée aux investisseurs de Cité Immersives : « Parmi eux figure Pierre-Édouard Stérin (NDLR :entrepreneur et milliardaire français, proche de la droite et de l'extrême droite françaises), qui utilise ouvertement sa fortune pour des causes politiques. Quelles garanties avons-nous sur la neutralité des contenus ? Comment sera raconté, par exemple, l’épisode du Banquet du Faisan ? Je crains une influence politique sur le musée ».
Charlotte Fougère l’a immédiatement rassuré : « La Ville gardera un contrôle sur le contenu. Il n’y aura aucune influence politique ou partisane. L’actionnaire n’a aucun droit de regard sur la programmation culturelle ».
Un point confirmé par les échanges techniques : l’opérateur s’engage à soumettre son règlement intérieur et les grandes orientations de contenu à l’accord de la Ville.
 
Un bail emblématique adopté à l’unanimité
Le bail emphytéotique porte sur : 911 m² de surfaces intérieures, 311 m² de combles réservés aux réseaux techniques, 571 m² de cours dont les usages publics seront conservés, la possibilité d’exploiter : billetterie, visites, médiation, scénographie, boutique, petite restauration, et événements.
La Ville bénéficiera en plus de 5 jours de mise à disposition gratuite par an, 300 billets gratuits destinés à la médiation et à la visibilité du site.

Jeannette Monarchi