BEAUNE

Beaune - Un débat d’orientation budgétaire 2026 marqué par les incertitudes nationales

Beaune - Un débat d’orientation budgétaire 2026 marqué par les incertitudes nationales

Reporté faute de visibilité financière, le débat d’orientation budgétaire 2026 s’est finalement tenu lundi soir. Entre mise en garde de la majorité sur les contraintes imposées aux collectivités et critiques de l’opposition sur les choix locaux, la séance a dressé un état des lieux sans projection tranchée.

Initialement prévu le 6 novembre, le Débat d’orientation budgétaire (DOB) avait été repoussé, la municipalité estimant ne pas disposer d’éléments financiers suffisamment stabilisés en l’absence de loi de finances. Le maire Alain Suguenot avait alors indiqué : « Ce ne sera qu’un débat de forme, fait d’hypothèses, puisque les aléas liés aux décisions de l’État ne sont pas connus ». Le Conseil s’est finalement déroulé ce lundi 24 novembre, avec 16 points à l’ordre du jour, dont le DOB, présenté comme l’axe principal de la séance.
 
Les orientations 2026 présentées par le maire
Dans son propos liminaire très politique, le maire Alain Suguenot a posé un diagnostic sévère sur le contexte national jugé “asphyxiant” pour les collectivités. Le maire a rappelé que les collectivités représentaient « les variables d’ajustement d’un État qui ne maîtrise plus ses comptes ». Il a dénoncé les 4,6 milliards d’euros d’économies envisagées pour les collectivités, auxquels s’ajoutent l’augmentation des cotisations CNRACL (+1,3 Md€) et les effets du dispositif DILICO.
Il a précisé : « En 2025, la Ville et l’Agglomération ont déjà été ponctionnées de 78 896 € et 733 536 €, on peut prévoir pour 2026 le doublement de ces sommes ». Selon lui, ces mesures, cumulées à l’incertitude nationale, « ralentiront les investissements publics », alors que 70 % d’entre eux proviennent des collectivités.
 
Pas de hausse d’impôts en 2026
Malgré les contraintes, le maire a affirmé : « Les efforts de gestion engagés nous permettront encore une fois de ne pas prévoir d’augmentation des taux de fiscalité en 2026 ».
Les dépenses réelles de fonctionnement devraient diminuer de 0,2 % (-65 000 €), malgré  +133 000 € liés à la hausse des cotisations CNRACL et +208 000 € pour la participation à la mutuelle des agents, la réintégration des dépenses du centre nautique (réouverture prévue à l’été).
 
Investissements : continuité mais pas d’expansion
Le maire a rappelé les 55 M€ investis depuis 2020, et annoncé que 2026 serait une année de poursuite : rénovation de la piscine municipale, terrain multisport à Challanges, réhabilitation du cimetière communal, remplacement de l’éclairage public par des LED, nouvelles pistes cyclables, réaménagement des écoles Blanches-Fleurs, lancement des études pour l’école Champagne, modernisation de la vidéoprotection, aménagement du parking Bretonnière, requalification du parvis du Pavillon du Jardin Anglais, réfection des Halles, travaux à Notre-Dame et réhabilitation de l’Hôtel des Ducs de Bourgogne.
Le maire a mis en avant la solidité financière avec une capacité de désendettement 2025 à 4,1 ans. Après un emprunt prévisionnel de +9 M€ en 2026 (centre nautique) : 5,3 ans, soit « très loin des seuils d’alerte ».
 
L’opposition “Pour Beaune Vraiment” : une intervention très politique
Carole Bernhard a inscrit son intervention dans un contexte international et national élargi, évoquant les conséquences de la politique américaine et française.
Elle a dénoncé un « démantèlement de l’État de droit », un « glissement vers une république de façade », les effets des deux quinquennats Macron, le refus de la taxe Zucman, les inégalités salariales femmes-hommes et la diminution des recettes des collectivités.
Concernant Beaune, elle a proposé notamment : un relèvement progressif de la taxe sur les résidences secondaires, jugeant l’écart avec d’autres villes bourguignonnes défavorable aux finances locales ; le renforcement de la démocratie locale : conseils de quartier, diffusion des conseils municipaux, budgets participatifs ; des mesures solidaires (allocation municipale de solidarité, caisse alimentaire, panier bio pour les femmes enceintes…) ; des actions écologiques et de réaménagement (piétonnisation, rénovation thermique, sanctuarisation des terres agricoles…).
 
Pierre Bolze : vigilance financière et inquiétude sur le patrimoine
Pierre Bolze a jugé le rapport trop incomplet au vu des risques connus qui « auraient mérité d’être mis en valeur » : perte potentielle de 300 000 € liée à la compensation de la taxe d’habitation, 90 000 € sur la recentralisation du FCTVA, 500 000 € supplémentaires liés au DILICO, soit près de 1 million d’euros de risques financiers.
Il a pointé la baisse de l’épargne brute (-28 % entre 2020 et 2024) et déclaré : « La commune a une épargne insuffisante pour financer le programme d’investissement ».
Sur le patrimoine, il a alerté : « Je m’inquiète sur l’état du bâti. Les Halles sont en attente de travaux depuis cinq ans. Il y a eu sept interventions d’urgence. C’est une alarme ».
Ce à quoi le maire a répliqué : « Vous étiez où pendant cinq ans ? ».
Pierre Bolze a également appelé à améliorer la cohérence des pistes cyclables et réévalué les besoins réels en matière de sécurité.
Jean-Luc Becquet a répondu sur les pistes cyclables qu’« un plan avec un maillage précis est prévu et disponible ». Charlotte Fougère a appelé à la hauteur de vue : « Il ne faut pas instrumentaliser ce débat. On peut reconnaître que les dépenses sont maîtrisées. Nous présentons un DOB consensuel. Nous n’aurons pas les moyens de tout faire ».


Geoffroy Brunet (opposition) a estimé que le débat avait peu d’intérêt en période préélectorale : « Ce sont les mois à venir qui seront déterminants ». Il s’est réjoui de l’absence de hausse d’impôts, tout en questionnant la méthode, citant l’exemple du terrain multisports à Challanges souhaitant savoir si une concertation avait été menée.
Xavier Coste a rappelé que la demande pour le terrain multisport venait des familles du quartier, notamment en raison du danger lié à la voirie et de la vétusté des équipements actuels.
Le vote du budget primitif 2026 aura lieu le lundi 11 décembre à 18 h.

Jeannette Monarchi