CÔTE D'OR

Inéligibilité de Marine Le Pen - René Lioret dénonce un "coup contre la démocratie"

Inéligibilité de Marine Le Pen - René Lioret dénonce un "coup contre la démocratie"

Le verdict du 31 mars 2025 déclarant Marine Le Pen et plusieurs députés RN inéligibles continue de provoquer des remous. René Lioret, député de la 5e circonscription de Côte-d’Or, dénonce une "décision politique infondée en droit" et appelle à la "résistance nationale".

Trois jours après la décision de justice ayant déclaré Marine Le Pen et plusieurs députés inéligibles, René Lioret, député de la 5e circonscription de Côte-d’Or et délégué départemental du Rassemblement National (RN), a tenu une conférence de presse ce jeudi à Couchey. Fustigeant une "décision d’une injuste sévérité", il a dénoncé une "attaque directe contre la démocratie" et annoncé la mobilisation du RN face à ce qu’il considère comme un "coup de force judiciaire".
 
Une décision qui secoue la scène politique
Lundi 31 mars 2025, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Marine Le Pen et plusieurs députés RN dans l’affaire des assistants parlementaires européens, prononçant notamment une peine d’inéligibilité immédiate. Cette décision, qui empêche la leader du RN de se présenter à l’élection présidentielle de 2027, a immédiatement provoqué des réactions politiques vives.
Si les soutiens de la majorité présidentielle et de la gauche ont salué une décision "nécessaire au respect de l’État de droit", au RN, l’heure est à la contestation. Pour René Lioret, « ce lundi restera dans l’histoire comme un jour funeste où des juges ont pris une décision d’une injuste sévérité qui confine à la violence judiciaire. Marine Le Pen et plusieurs de nos députés ont été déclarés inéligibles par une décision non pas de justice mais une décision politique infondée en droit .
 
Une affaire vieille de dix ans
Revenant sur le contexte, l’élu rappelle que cette affaire a été initiée il y a plus de dix ans par Martin Schulz, alors président du Parlement européen, et Christiane Taubira, ministre de la Justice sous François Hollande. « Cette "affaire" repose sur une divergence d’interprétation entre le Front National et le Parlement européen sur le rôle des assistants parlementaires européens, explique-t-il. C’est par un artifice sémantique que nos adversaires ont fait croire à des "emplois fictifs" ou à des "détournements de fonds" ».
Or, souligne René Lioret, « le jugement même de la présidente du tribunal est clair : il n’y a ni enrichissement personnel, ni corruption ».
 
L’inéligibilité immédiate, un "scandale juridique"
L’un des points les plus contestés par le RN concerne l’application immédiate de l’inéligibilité. « Ce à quoi les Français ont assisté ce lundi 31 mars, c’est en réalité à l’effondrement de notre État de droit », estime René Lioret, qui accuse la justice de « violer le principe fondamental du double degré de juridiction ».
Il s’interroge : « Que dirions-nous, demain, aux Français si l’élection présidentielle passée, une seconde instance innocentait Marine Le Pen et prouvait que l’inéligibilité avec exécution provisoire était une erreur de jugement ? ».
Selon lui, la juge aurait elle-même reconnu que « la capacité de Marine Le Pen de se présenter ou de gagner l’élection présidentielle constituerait un trouble à l’ordre public ». Une motivation "purement politique", selon l’élu.
 
Une interprétation contestée du droit
René Lioret revient également sur la question de la Loi Sapin 2, qui aurait justifié cette sanction immédiate. « Certains prétendent que l’application immédiate de la mesure d’inéligibilité ressortirait de cette loi, explique-t-il. Mais la juge admet elle-même que cette loi n’est pas applicable aux faits reprochés à Marine Le Pen, qui sont antérieurs à son entrée en vigueur. C’est donc un choix et une décision délibérés de la juge de prononcer cette peine ».
Autre point soulevé : la justification d’un "risque de récidive". « Un risque de récidive pour quelqu’un qui n’est plus députée européenne et qui n’a plus aucun lien avec le Parlement européen ?, s’indigne-t-il. La juge explique en outre que le fait pour le justiciable de se défendre constituerait la preuve d’une volonté de récidiver. C’est une négation pure et simple du droit à la défense ! ».
L’élu de Côte-d’Or ne mâche pas ses mots non plus sur les sanctions financières imposées au RN. « Les sommes demandées avec exécution provisoire relèvent d’une volonté à peine dissimulée de ruiner le Rassemblement National, affirme-t-il. Avec des amendes et des dommages et intérêts injustifiés, il apparaît clairement que la volonté des magistrats est la ruine du parti ».
 
« Nous allons mobiliser la résistance nationale »
Face à cette situation, René Lioret annonce que Marine Le Pen fera appel. « Nous allons exercer toutes les voies de recours possibles. Mais cela n’enlève rien au trouble causé par cette décision qui continuera de s’appliquer jusqu’au prochain jugement. »
Le député RN appelle également à une mobilisation générale. « Nos militants vont coller des affiches, distribuer des tracts et sensibiliser les Français à cette dérive d’un système prêt à tout pour se maintenir », déclare-t-il.
« Le peuple doit empêcher la confiscation de la démocratie. Nous allons défendre la liberté, le droit et la France », conclut-il.
Le Rassemblement National appelle à un grand meeting de soutien à Marine Le Pen ce dimanche 6 avril à 15 h, place Vauban à Paris. Les sympathisants sont invités à se mobiliser.

Jeannette Monarchi