BEAUNE

Beaune – L’esprit de l’Hôtel-Dieu vu par les artistes d’aujourd’hui

Beaune – L’esprit de l’Hôtel-Dieu vu par les artistes d’aujourd’hui
Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune – Imaginaires Kréatifs © Julien Piffaut

Suite à son inauguration le 10 octobre, le projet Imaginaires Kréatifs s’expose dans sa globalité à l’Hôtel-Dieu de Beaune jusqu’à la célèbre Vente des Vins, le 16 novembre. Trois street-artistes internationaux — JACE, Andrea RAVO Mattoni et Boris DELTA Tellegen — y croisent leurs regards contemporains sur l’esprit de ce lieu emblématique, pour célébrer les dix ans de l’inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ils s’appellent JACE, RAVO Mattoni et DELTA. Trois figures majeures de la scène urbaine internationale qui ont, chacune à leur manière, réinventé l’Hôtel-Dieu de Beaune.
Dans la cour d’honneur, les célèbres Gouzous® de JACE jouent les bienfaiteurs et artisans d’un polyptyque monumental, clin d’œil audacieux au Jugement dernier de Rogier van der Weyden.
Un peu plus loin, les portraits vibrants d’Andrea RAVO Mattoni rendent hommage aux grandes figures de l’institution hospitalière, tandis que les sculptures graphiques de DELTA Tellegen revisitent les tuiles polychromes et l’architecture des lieux.
Entre patrimoine vivant et création contemporaine, Imaginaires Kréatifs invite le public à redécouvrir l’Hôtel-Dieu comme un espace de dialogue entre passé et présent, mémoire et modernité. Retour sur cette année de création à l’occasion des 10 ans de l’inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO, à voir sans modération et dans son intégralité jusqu’au dimanche 16 novembre.
 

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Polyptyque monumental de JACE sur la façade Saint-Joseph dans la cour des fondateurs de l’Hôtel-Dieu © Julien Piffaut

Le polyptyque monumental de JACE 
De l’esprit de l’Hôtel-Dieu : bienfaiteurs & métiers ou l’histoire d’une institution contée par d’espiègles Gouzous® 14 panneaux, bombe sur tôle, 2025
Le POLYPTYQUE MONUMENTAL met en scène les facétieux Gouzous® de l’artiste qui ont pris place sur la façade Saint-Joseph dans la cour des fondateurs pour raconter une histoire des métiers depuis la fondation de l’Hôtel-Dieu. Artisans et soignants s’animent alors dans un grand ensemble, en mode saynètes de BD, comme un rappel des 15 panneaux du polyptyque  du Jugement dernier de Rogier van der Weyden : un regard contemporain, touchant et émouvant sur les professionnels  des Hospices Civils de Beaune.
MODE 2, directeur artistique du projet Imaginaires Kréatifs présente JACE : « J’ai rencontré Jace à Rouen en 1995, mais c’est sur l’île de La Réunion en mars 2003 que je suis tombé sur l’un de ses premiers Gouzous® : ce personnage « tout terrain » qui fera sa renommée mondiale, une forme d’hiéroglyphe pour faire passer un large éventail de messages. Armé de ce langage visuel composé de petits personnages jaunes aux formes arrondies et à l’aspect jovial, il aborde les principaux thèmes qui traversent notre société, qui troublent notre existence, et aussi ceux qui nous donnent de l’espoir et un petit coup de pouce dans notre quotidien.
Jace s’adapte à tout ce qui l’entoure, explorant les villes ou les traces laissées par l’homme dans la campagne et la nature. Avec ce flair singulier pour identifier et explorer son environnement - du mobilier urbain aux transformations de la nature sur les réalisations humaines, tout devient élément pour raconter une histoire particulière qui interpelle le public passant par là. Ses Gouzous® sont devenus un reflet de nous-mêmes en quelque sorte. Ils s’adressent à toutes générations, quel que soit le continent. L’artiste provoque ainsi une interaction entre spectateurs et spectatrices en tout genre, tout en nourrissant de nouvelles idées et échanges… ».

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Nicolas Rolin, le blason des Hospices Civils de Beaune, Guigone de Salins et Paul Berbey par Andrea RAVO Mattoni dans la galerie basse de la cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu © Julien Piffaut

Les créations originales d’Andrea RAVO Mattoni
De l’esprit de l’Hôtel-Dieu : figures & symboles ou l’histoire illustrée d’une institution charitable 6 pièces, bombe sur toile, 2025
Dans cet ensemble de 6 pièces peintes à la bombe, l’artiste italien Andrea RAVO Mattoni rend hommage aux figures et aux symboles des Hospices Civils de Beaune. Aux portraits des fondateurs du XVe siècle, Nicolas Rolin et Guigone de Salins, font écho les portraits de personnalités des XXe et XXIe siècles : Paul Berbey, ancien orphelin de l’Hospice de la Charité, et sœur Louise Duchini, Supérieure Générale de la Congrégation des Sœurs Hospitalières de Sainte Marthe de Beaune, tous deux ayant réalisé une grande partie de leur carrière au sein des Hospices Civils de Beaune. Là encore, c’est un regard contemporain, délicat et sensible, qui est porté sur des figures marquantes de l’institution charitable.
Les créations d’Andrea RAVO Mattoni cherchent à rendre accessible et à exposer à la vue de tous les œuvres considérées comme les grands classiques de la peinture occidentale. Les murs des villes deviennent des espaces d’expression et de transmission ; les chefs-d’œuvre du répertoire ancien, réalisés à la bombe, s’offrent ainsi librement aux regards des habitants et des promeneurs pour se laisser découvrir hors des musées ou des sites historiques. Issu d’une famille d’artistes, passionné par les productions antiques et classiques, Andrea RAVO Mattoni s’exprime d’abord par le graffiti. Puis, en 2000, il s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Brera afin de maîtriser d’autres techniques picturales comme celles de la peinture à l’huile ou à l’acrylique. En 2003, il fonde avec un collectif d’artistes « The Bag Artfactory», un lieu d’expression et de création à Milan, dans le quartier Bovisa. Progressivement il forge son style, qu’il dénomme « dal classicismo al contemporaneo » : il reproduit, en jouant avec ses sprays, des fresques et des toiles emplies d’une beauté poétique. Ses créations sont des respirations artistiques dans des îlots urbains où l’histoire des lieux se raconte...

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L’Hôtel-Dieu au carré par Boris DELTA Tellegen sur la façade Saint-Louis de la cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu © Julien Piffaut

L’Hôtel-Dieu au carré par DELTA
De l’esprit de l’Hôtel-Dieu : une vision graphique & fragmentée des lieux 4 sculptures, acrylique et vernis sur bois, 2025
Les pièces de L’HÔTEL-DIEU AU CARRÉ, dans leurs motifs, s’inspirent principalement des tuiles polychromes vernissées qui parent les toits de l’Hôtel-Dieu, pour former quatre boucliers héraldiques. L’interprétation de Boris DELTA Tellegen se manifeste par des formes à la fois classiques et minimalistes qui expriment un modernisme abstrait, en écho au graphisme classique. L’artiste a façonné ses œuvres comme des trompe-l’œil sculpturaux. L’installation de pièces tridimensionnelles sur la façade Saint-Louis crée un effet d’optique : il invite le visiteur à apprécier autrement l’environnement de la cour d’honneur. Au cours de la déambulation dans les lieux, c’est un sentiment de difraction, en mode kaléïdoscope, composé de jeux de lumière, aux correspondances géométriques et colorées ; c’est l’Hôtel-Dieu au carré qui se dessine....
Ayant commencé à taguer puis à faire des graffitis à Amsterdam au milieu des années 1980, le style de Boris Tellegen marque un changement radical lors de sa période d’études à Delft, où l’architecture et la mécanique s’infiltrent dans son langage visuel, culminant avec le style « 3D » à partir de 1992. Intégrant littéralement ce qu’il avait appris dans son style de lettrage, DELTA devient l’un des artistes les plus copiés de son époque ; et jusqu’aujourd’hui encore tout un courant du graffiti avec des lettrages prenant un aspect tridimensionnel y trouve ses racines. Ne se contentant pas du lettrage, il explore tout ce qui se rapproche de l’architecture, des constructions en tout genre, des robots, des totems, de la déconstruction de ses propres dessins, pour en faire d’autres assemblages ; le tout pouvant aller d’un style strict et analytique à un style purement ludique. Ces différentes évolutions ne l’empêchent pas de poursuivre ses réalisations graphiques sur des trains de marchandises, comme le montre son dernier livre. 

À propos d’Imaginaires Kréatifs / Visions hospitalières – Visions minérales
Faire s’entrecroiser patrimoine vivant & création contemporaine : quand les Rogier van der Weyden d’aujourd’hui portent leurs regards sur l’Hôtel-Dieu & se confrontent aux Rogier van der Weyden d’hier ! Avec le directeur artistique MODE 2, des artistes internationaux, figures du Street-Art, proposent de découvrir autrement ce patrimoine multiséculaire, tout en valorisant ses principes fondateurs et ses valeurs hospitalières. 
Une aventure artistique singulière co-construite entre l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune et l’association La Karrière pour célébrer les 10 ans de l’inscription des Climats au patrimoine mondial de l’UNESCO.
 
Il était une fois l’Hôtel-Dieu des Hospices Civils de Beaune : un patrimoine vivant hospitalier
Hôpital fondé en 1443 par le chancelier des ducs de Bourgogne, Nicolas Rolin, et sa 3e épouse, Guigone de Salins, l’Hôtel-Dieu est une institution charitable qui perdure depuis près de six siècles grâce à la générosité de ses donateurs et bienfaiteurs.  « Palais pour les pôvres », dédié aux malades sans ressources, il est resté en activité jusqu’en 1971, année du transfert des services vers le nouvel hôpital Philippe le Bon, installé au-delà des remparts de la ville de Beaune. 
Connu pour ses toitures polychromes en terre cuite vernissée, l’Hôtel-Dieu est un haut lieu de mémoire de l’histoire hospitalière avec une programmation annuelle qui décline les valeurs du prendre soin et du partage, un trait d’union entre soignants, patients et visiteurs. Parcourir ce site patrimonial est une invitation à retisser les liens entre passé et présent, à croiser les regards, et  à questionner l’avenir auquel nous aspirons.