BEAUNE
Hôtel-Dieu de Beaune - Justice pour Alardine ? Nicolas Rolin sur le banc des accusés ! Un procès vieux de 600 ans enfin résolu !
Par Jeannette Monarchi
Publié le 25 Février 2025 à 07h37

Un chancelier, une mère supérieure et un tribunal : bienvenue au premier « true crime » historique des Hospices de Beaune !
Coup de théâtre à l’Hôtel-Dieu : 600 ans après sa destitution, Alardine Gasquière réclame justice… et c’est le public qui a tranché ! Samedi, l’Hôtel-Dieu de Beaune a troqué son « calme monastique » pour l’effervescence d’une salle d’audience. Dans un décor d’époque, mais avec des avocats bien contemporains du Barreau de Dijon, ce premier « procès imaginaire » a réécrit l’histoire avec panache, éloquence et une bonne dose d’humour : un procès opposant Nicolas Rolin, fondateur des Hospices, à Alardine Gasquière, première mère supérieure. Plaidoiries ciselées, rebondissements et suspense : ce fut au public de rendre son verdict !
Un tribunal… dans la mythique Chambre du Roy !
Les Hospices de Beaune sont connus pour leur patrimoine et leur vin prestigieux. Mais samedi soir, c’est une autre boisson qui a coulé à flots : l’argumentation ciselée des avocats !
Le tribunal de Dijon a prêté main forte à cette « reconstitution » inédite. Nathalie Poux, présidente du tribunal judiciaire de Dijon, a endossé la lourde responsabilité de juge, orchestrant les débats avec l’aide de Anne Geslain, bâtonnier, et Pierre Bolze, avocat, garantissant ainsi un procès digne des plus grandes affaires historiques… avec, en bonus, une belle dose de joutes oratoires et d’esprit.
Un duel épique entre rigueur et ambition
Le sujet du litige ? Une affaire vieille de plusieurs siècles, mais toujours aussi passionnante : en 1448, Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne et fondateur des Hospices de Beaune, recrute Alardine Gasquière, une femme de poigne venue tout droit de Valenciennes, comme première mère supérieure afin d’organiser la charité au sein de l’Hôtel-Dieu. Mais onze ans plus tard en 1459, coup de théâtre : la mère supérieure est priée de faire ses bagages sans ménagement par Nicolas Rolin, qu’il jugeait trop autoritaire et organisa la communauté des soeurs hospitalières de l’Hôtel-Dieu, confirmée peu de temps après par une bulle du pape Pie II. Nicolas Rolin lui aurait-il joué un mauvais tour ? Ou Alardine Gasquière était-elle une gestionnaire un peu… trop stricte ? C’est précisément ce qu’ont tenté de démontrer les avocats lors de cette soirée aussi pédagogique qu’amusante.
Une plaidoirie haute en couleurs
L’affaire a été plaidée par les brillants avocats du Barreau de Dijon, et autant dire qu’ils n’ont pas hésité à user de leur plus belle rhétorique pour défendre leurs clients.
Dans le rôle de l’accusation, Alexis Faivre, - vainqueur du concours d’éloquence du barreau de Dijon en 2020 -, avocat d’Alardine Gasquière, n’a pas ménagé ses efforts pour dépeindre sa cliente sous un jour des plus honorables. Il a brossé le portrait d’une femme dévouée, injustement évincée après avoir imposé rigueur et discipline à l’Hôtel-Dieu.
Son plaidoyer : une femme injustement évincée après onze ans de bons et loyaux services, une figure religieuse qui a apporté rigueur et discipline au sein de l’Hôtel-Dieu. Selon lui, Alardine Gasquière a tout donné pour l’institution et a été remerciée par une éviction brutale, sans motif légitime. Une femme engagée, visionnaire, et peut-être même trop moderne pour son époque.
« C’est une femme qui s’est battue pour sa liberté d’expression dans un monde dominé par les hommes ! Elle a structuré l’Hôtel-Dieu et permis aux soins d’être administrés avec rigueur… et voilà comment elle est récompensée ! » a lancé l’avocat avec passion dénonçant une décision arbitraire digne d’un licenciement abusif avant l’heure.
Face à lui, Élise Rolet, lauréate du même concours en 2021 et avocate de la défense pour Nicolas Rolin, a riposté avec panache. Selon elle, son client n’était pas un despote égoïste, voire un mégalomane, mais un humaniste visionnaire qui a œuvré pour le bien des malades. « Ce n’est pas lui qui a voulu le pouvoir absolu… C’est elle qui voulait devenir calife à la place du calife ! » a-t-elle lancé avec un sourire. Un homme d’action, investi corps et âme dans le projet de l’Hôtel-Dieu, et qui ne pouvait laisser une gestion trop stricte freiner son ambition philanthropique. Quant aux méthodes trop strictes d’Alardine : une femme de caractère, autoritaire, à la discipline monastique stricte, qui impose ses règles pour assurer une gestion rigoureuse du lieu et du travail des six sœurs hospitalières.
Selon l’avocate, le rigorisme de la mère supérieure ne servait pas les patients, mais uniquement son pouvoir personnel. « Nicolas Rolin, lui, a permis à l’Hôtel-Dieu de rayonner. Il a mis sa fortune et sa renommée au service du bien commun. Alardine Gasquière, en revanche, voulait surtout mettre tout le monde au pas ! » a-t-elle plaidé.
Un verdict à suspens… et un public conquis
Et c’est là que l’affaire a pris une tournure inédite. Le point fort de ce procès ? Le public était le jury. Chacun a pu donner son avis, débattre en échangeant des commentaires parfois dignes des plus grands talk-shows, et surtout voter pour la cause qui lui semblait la plus juste. Après un premier vote serré et des interventions animées, la sentence est tombée : 41 voix en faveur de Nicolas Rolin, 35 pour Alardine Gasquière.
La présidente s’est volontiers prêtée au jeu de cette soirée à la demande de l’Ordre des avocats. Sollicité, le barreau a répondu présent pour cette initiative originale. Pour elle, c’était une belle occasion de redécouvrir l’histoire des Hospices avant de prendre part à l’audience. « C’était une expérience très enrichissante, non pas tant d’un point de vue purement juridique, mais surtout pour son aspect interactif. Ce format novateur permet d’impliquer le public, de l’intéresser à la justice et de favoriser l’échange. »
Un procès qui appelle une suite ?
Pour ceux qui auraient manqué ce premier acte, un nouveau procès imaginaire est déjà programmé ! Le vendredi 19 septembre, de 19 h 30 à 21 h 30, place à une nouvelle joute oratoire entre Guigone de Salins, 3e épouse de Nicolas Rolin, et son beau-fils Jean Rolin. Dans une ambiance nocturne et intimiste, cette Nuit étoilée du procès imaginaire plongera le public au cœur d’un affrontement fictif mêlant passe d’armes verbales, jeux de mots et anecdotes historiques. Qui emportera la direction de l’Hôtel-Dieu cette fois ?
Jeannette Monarchi


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