BOURGOGNE

Région Bourgogne–Franche-Comté - Premières passes d’armes après l’élection de Jérôme Durain

Région Bourgogne–Franche-Comté - Premières passes d’armes après l’élection de Jérôme Durain

À peine élu président de la Région Bourgogne–Franche-Comté, Jérôme Durain a présidé vendredi 5 septembre la suite de la séance plénière marquée par la mise en place de la nouvelle gouvernance… et de vifs échanges avec le Rassemblement national.

À peine élu président de la Région Bourgogne–Franche-Comté vendredi matin, Jérôme Durain a présidé, dès la reprise de l’assemblée plénière à midi, une séance consacrée à la mise en place de la nouvelle gouvernance. Commission permanente, élection des vice-présidents, motions et vœux… Les votes se sont enchaînés dans une atmosphère marquée par de premières passes d’armes entre majorité et opposition.
 
Commission permanente : deux listes, deux visions
Deux listes ont été soumises au vote pour composer la commission permanente. La première, déposée par le groupe Rassemblement national, comprenait neuf noms. La seconde, rassemblant tous les autres groupes, comptait 28 candidats.
À main levée, le verdict est sans appel : 81 voix pour la liste commune, 17 pour le RN. Gilles Platret a choisi de s’abstenir, tandis qu’Audrey Lopez n’a pas pris part au vote. Sur les 27 sièges à pourvoir, le RN obtient 5 représentants.


Quinze vice-présidents élus
La liste des quinze vice-présidents a ensuite été validée par l’assemblée, avec seulement sept votes contre. Treize autres conseillers viennent compléter la commission permanente. L’opposition d’extrême droite a tenté de déposer un amendement limitant les délégations de pouvoir accordées au président, mais celui-ci a été rejeté.
Le nouvel exécutif sous la présidence de M. Durain conserve une large majorité des vice-présidents déjà en place sous Marie-Guite Dufay. Sur les quinze postes, douze personnalités restent en fonction. Parmi elles, on retrouve notamment Michel Neugnot, Laëtitia Martinez, Nicolas Soret, Patrick Molinoz, Bertrand Veau, Éric Houlley, Isabelle Liron, Stéphanie Modde, Willy Bourgeois, Sarah Persil, Françoise Tenenbaum et Hicham Boujlilat. Cette forte continuité traduit une volonté de maintenir la stabilité et de capitaliser sur l’expérience acquise lors de la précédente mandature.
Trois personnalités quittent l’exécutif : Sandra Iannucelli, Patrick Ayache et Christian Morel.
Trois nouvelles figures intègrent l’équipe : Nabia Hakkar-Boyer, Myriam Chiappa-Kiegger et Patrick Morel.
L’opposition d’extrême droite a tenté de déposer un amendement limitant les délégations de pouvoir accordées au président, mais celui-ci a été rejeté.


Première salve du RN
Alors de sa prise de parole devant porter sur le vœu et la motion présentés, Julien Odoul, président du groupe RN, a inauguré l’opposition frontale. « Nous vivons actuellement une parodie dont vous êtes l’acteur principal », a-t-il lancé à Jérôme Durain. « Vous n’avez pas la légitimité démocratique. Vous êtes l’un des conseillers qui connaissez le moins le territoire, jamais venu dans l’Yonne par exemple. Ce prétendu changement n’est qu’une illusion : les figurants ont changé, mais le film reste le même. »
Accusant la majorité de « tromper les électeurs » et d’avoir « conduit la région dans le mur », Julien Odoul a conclu que « la seule alternance aura lieu en 2028, lors de vraies élections ».
 
La réplique de Jérôme Durain
Visiblement peu impressionné, le nouveau président a tenu à recadrer les débats : « Je sais que le RN est prompt à utiliser le temps accordé pour parler d’autre chose, et à détourner l’argent public de sa destination. Votre intervention prête à rire ».
Puis il a annoncé une mesure nouvelle : « À l’avenir, je couperai le micro lorsque les interventions ne concerneront pas directement les rapports soumis à délibération. Nous devons parler de la Bourgogne–Franche-Comté, pas du RN ».
Une règle aussitôt contestée par Julien Odoul, qui a dénoncé « une mise en scène pitoyable » et menacé : « Si vous agissez ainsi, nous nous verrons souvent devant le tribunal administratif ».
 
Motions et vœux rejetés
Deux textes présentés par le RN ont ensuite été rejetés.
Pascal Blaise a dénoncé l’organisation des travaux sur l’axe Paris-Lyon-Marseille impactant le Nord de la Bourgogne et le remplacement insuffisant des trains par des autocars : « Nous devons être à la hauteur de l’envie de prendre le train, cibler nos investissements pour garantir un service de qualité ».
La motion a été rejetée, Jérôme Durain rappelant que ces sujets seraient discutés lors de la session d’octobre.
Un vœu sur l’accord commercial Mercosur, lu par Valérie Deloce et dénonçant une « trahison qui ne protège ni nos agriculteurs ni nos industries », a également été rejeté.
 
Nouveaux équilibres politiques
Cette séance a été marquée par plusieurs évolutions dans les groupes politiques. Éric Lançon, conseiller régional de Montbéliard, a officiellement remplacé Marie-Guite Dufay. Jean-Marie Sermier prend la présidence du groupe de l’Union des Républicains, du centre et des écologistes indépendants, à la suite de la désolidarisation de Gilles Platret.
Dans la majorité, Hicham Boujlilat devient président du groupe « Notre Région par cœur ». Enfin, Audrey Lopez a annoncé son départ du RN pour siéger seule.
 
Les prochaines échéances
Les dates sont déjà fixées : sessions plénières les 16 et 17 octobre, débat sur les orientations budgétaires le 14 novembre, et vote du budget primitif 2026 les 11 et 12 décembre, « sauf en cas de mesures gouvernementales », a précisé la présidence.
Pour Jérôme Durain, cette première séance, malgré les tensions, marque le début d’un mandat qu’il souhaite placer sous le signe de la proximité et de la simplification. Mais la confrontation avec l’opposition s’annonce déjà vive.

Jeannette Monarchi