Beaune - Le conseil municipal secoué par le bail de principe de la future halle événementielle

Lors du dernier conseil municipal jeudi soir, le maire Alain Suguenot a présenté le projet de bail concernant la halle événementielle sur le site de la Cité des Vins, un investissement privé de 9 millions d’euros. L’opposition a pointé des imprécisions dans le bail et s’est abstenue, tandis que le maire dénonce la mauvaise foi.

Le maire de Beaune, Alain Suguenot, a ouvert la séance par un propos liminaire dense, dressant un panorama national inquiétant. « 18 septembre ! Jour de manifestation dans une France déboussolée », a-t-il commencé, évoquant la « crise politique » marquée par la succession de cinq gouvernements depuis le second mandat d’Emmanuel Macron. Pour lui, cette instabilité est directement liée à la « crise financière » du pays, avec une dette de 3 300 milliards d’euros, soit 48 500 € par Français, et des marges de manœuvre étouffées pour les collectivités locales. Enfin, il a dénoncé la « crise sociale », rappelant la désillusion et l’exaspération dans la rue face à des réformes jugées insuffisantes et un modèle social fragilisé.
Il a également profité de ce moment pour afficher sa solidarité envers Gilles Platret, ancien maire sanctionné pour avoir refusé le pavoisement du drapeau palestinien dans sa commune, affirmant que seules les couleurs du drapeau français représentent la République.
 
La halle événementielle : un projet stratégique pour Beaune
Le point central du conseil était le projet de bail emphytéotique administratif (BEA) pour la construction d’une halle événementielle sur le site de la Cité des Vins. La ville de Beaune est propriétaire d’un terrain de 13 100 m², dont 10 900 m² destinés à l’accueil d’un projet de halle œnotouristique et 4 200 m² réservés à la halle événementielle.
Le projet, porté par la société GEHLEN MANAGEMENT pour un investissement de 9 millions d’euros, prévoit une structure de près de 3 000 m². Destinée à accueillir spectacles immersifs, expositions et événements culturels, la halle pourrait également être privatisée pour des événements festifs. Le bail, d’une durée de 18 ans, prévoit un loyer mensuel de 2 000 € HT soit 2 400 € TTC.
Les travaux devront être réalisés dans un délai de six mois à compter de l’obtention du permis de construire. Le maire a précisé que la future structure s’inspirera du style architectural « eiffelien », comme à Meudon. Elle accueillera comme prestaire les Ateliers Lumière, structure artistique spécialisée dans les spectacles immersifs et interactifs destinées aux familles et aux enfants et créée par Culutrespaces*.
 
Divergences et tension autour du bail
Pierre Bolze, premier adjoint désormais du côté de l’opposition, s’est montré très critique. Il a demandé davantage de détails sur le bail, notamment les clauses suspensives et les conditions de fin de contrat : « Ce qui est présenté n’est pas fini, je demande le bail pour apprécier son contenu, il manque des informations sans remettre en cause le projet. C’est une demande légitime dans une démocratie », a-t-il souligné.
Le maire a vivement réagi aux critiques concernant le bail de principe : « Vous faites semblant de ne pas être au courant. Ce sujet a été abordé à plusieurs reprises. Il s’agit d’un bail de principe, le bail final sera présenté ultérieurement une fois signé. Votre méconnaissance des pratiques confine à la mauvaise foi. Cela fait des années que nous présentons ce type de dossier, mais c’est la première fois que des questions aussi basiques sont posées. Le conseil sera informé du bail signé au moment opportun ». Il a ajouté, s’adressant à Pierre Bolze, que ce changement d’attitude démontrait que « les positions ont changé ».
Pour Geoffroy Brunel, le problème est plutôt d’ordre pratique : « On nous demande de voter sur des éléments incomplets (NDLR : la délibération prévoit également d'autoriser le maire à signer toute promesse de bail et le bail). Le diable se cache dans les détails et le rapport ne fournit presque aucune information. Depuis le début, ce projet me semble nébuleux. Vous annoncez 300 000 visiteurs supplémentaires, alors que la Cité des Vins en attire actuellement 70 000 contre 200 000 annoncés lors de vos estimations ».
Marc Désarménien a quant à lui qualifié le débat sur les chiffres de « stérile » : « Quel bénéfice pour les Beaunois ? La halle est un élément essentiel pour l’attractivité de Beaune. Il ne faut pas bloquer un projet d’importance pour des querelles. La halle est indispensable à la Cité des Vins ».
À l’inverse, le maire a dénoncé ce qu’il a qualifié de « mauvaise foi » : « C’est de la malhonnêteté face à ceux qui ont participé à ce projet. Faire semblant de ne pas comprendre ce qui est présenté est irrespectueux pour les services qui ont travaillé pendant des années ».
Carole Bernhard a également fait part de sa réserve, préférant s’abstenir tant que les informations complémentaires ne seraient pas précisées. Charlotte Fougère, quant à elle, a rappelé que ce type de bail avait déjà été présenté à plusieurs reprises et que les services municipaux étaient disponibles pour fournir des compléments d’information, invitant à un débat constructif.
 
Vote et suite
Pour clore le débat sur la halle, un vote public a été organisé pour connaître la position exacte de chaque élu. Sur 25 présents, 13 ont voté en faveur, tandis que 16 se sont abstenus. Le maire a regretté que ce point ait été l’objet d’un blocage et a insisté sur l’importance de préserver l’image de Beaune et l’attractivité de la ville pour les investisseurs. Ariane Diericxx a également souligné l’irrespect envers les agents ayant travaillé sur le projet depuis des années et rappelé la nécessité de valoriser leur travail.
Le prochain conseil municipal est fixé au jeudi 6 novembre à 18 heures.

Jeannette Monarchi

*Culturespaces est le principal opérateur privé européen d’institutions culturelles et de centres immersifs. Depuis sa création en 1990, l’entreprise se distingue par ses expériences culturelles numériques innovantes, mêlant patrimoine artistique et technologies immersives. Culturespaces conçoit, crée et produit des spectacles immersifs valorisant des œuvres classiques, modernes et contemporaines. Présente sur 11 sites, accueillant 5 millions de visiteurs et proposant plus de 30 spectacles chaque année, la société est active en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Corée du Sud et aux États-Unis. Elle est notamment à l’origine de l’Atelier des Lumières, premier centre d’art numérique de Paris.